Pesticides? Non merci.
Comme je ne suis pas une personnalité très connue, je dois me présenter. J’ai un doctorat de l’université Cornell et j’ai été chercheur scientifique à Agriculture Canada pendant 43 ans. Je me dédie actuellement à créer des blés qui auront zéro besoin de pesticides, au sein d’une compagnie de génétique conventionnelle (Bionor Systémiq Inc).
J’ai été en contact fréquent avec les pesticides, j’en ai utilisé dans mes recherches et dans mon jardin, mais au fil des décennies, j’ai constaté beaucoup de problèmes. C’est peu après l’an 2000 que j’ai fini par conclure : quelque chose ne tourne vraiment pas rond dans le système de réglementation. C’est d’ailleurs vers cette époque que les agriculteurs avaient commencé à appliquer un herbicide contenant du glyphosate (Roundup et autres produits) quelques jours avant la récolte dans les céréales et les légumineuses en grande culture, sous prétexte de mieux contrôler les mauvaises herbes. Mais en réalité le but était d’accélérer la maturation pour pouvoir récolter quelques jours plutôt et diminuer les coûts de séchage. J’ai alors sursauté! Quelle idée folle! Ça allait augmenter les résidus dans les aliments par un facteur de 10 à 100 fois, alors qu’il n’y avait pas eu d’études supplémentaires sur la sécurité du pesticide.
En tant que chercheur fédéral, j’avais accès à toute la littérature, et j’ai fini par passer plus de 2000 heures à éplucher les publications scientifiques concernant les effets du glyphosate et d’autres pesticides sur la santé humaine. Peu après, j’ai cessé totalement l’usage de pesticides dans mon jardin, et décidé d’acheter à l’avenir des aliments bio.
Puisque je dois être bref ici, je dois préciser que beaucoup de pesticides sont également des antibiotiques. Je me suis amusé à demander à ChatGPT : est-ce que le glyphosate est un antibiotique? Cette supposée « intelligence artificielle » m’a répondu : non, c’est un herbicide. J’ai alors fourni à ChatGPT le numéro du brevet que Monsanto avait obtenu pour ce même produit en tant qu’antibiotique à large spectre. ChatGPT c’est alors excusé en me disant, vous avez raison c’est également un antibiotique. ChatGPT semble donc mieux disposé à accepter de se faire corriger que certains journalistes et vulgarisateurs qui minimisent les risques des pesticides. Je n’ai pas vérifié si ChatGPT a assez de mémoire pour se rappeler de cet effet antibiotique.
Cet effet n’est pas anodin; la corrélation qui existe entre l’usage du glyphosate et l’épidémie de Clostridium difficile est autour de 0,97; et une corrélation semblable existe avec plusieurs cancers, l’obésité, le diabète, divers problèmes du système nerveux, et j’en passe. La corrélation de 0,97 est à peu près identique à celle entre tabac et plusieurs cancers. Et voilà qu’un lien de cause à effet émerge, puisque le microbiote intestinal contrôle de très nombreux aspects de la santé humaine, ainsi que le développement normal ou anormal du cerveau d’un fœtus. Si on accepte cette idée que le glyphosate serait le moins toxique de tous les pesticides, alors il faut conclure que tous les pesticides sont très dangereux.
J’ai tenté d’alerter les politiciens, j’ai même participé à l’écriture d’un mémoire sur les pesticides, présenté à la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles (CAPERN) en septembre 2019. Il m’arrive de donner des conférences sur tout ce que j’ai appris sur les dangers des pesticides. Suis-je assez clair? Les pesticides (chimiques, je dois préciser) sont à éviter, et ce conseil est encore plus important pour les bébés, les jeunes, les femmes enceintes et les personnes âgées, car ce sont des époques de fragilité de la vie.
André Comeau, Ph. D., et directeur scientifique de Bionor Systémiq Inc.