Série Toponymie : BRÛLÉ (chemin du)
Par Jeanmarc Lachance, président de la Société d’histoire de Compton
Depuis Waterville, le chemin du Brûlé rejoint le chemin de Hatley juste avant que ce dernier n’atteigne la ligne qui délimite le canton de Compton de celui de Hatley. La mention « Bois Brule »[1] est rapportée par Philip Henry Gosse qui, dans The Canadian Naturalist [2]publié à Londres en 1840, rapporte l’excursion qu’il y a faite.
Philip Henry Gosse, après un séjour de quelques années comme commis à Terre-Neuve, fait l’acquisition, en 1835, d’une terre située dans la partie nord-ouest du canton de Compton. Sa passion pour l’observation de la faune, des insectes, des plantes et des phénomènes naturels l’emporte sur les travaux qu’exige l’exploitation d’une ferme de telle sorte qu’il abandonne le tout et quitte Compton en 1838 avec, dans ses bagages, les carnets de ses nombreuses observations réalisées dans les environs de Compton dont celles réalisées au « Bois Brule ».
À l’époque, l’endroit semble bien connu, mais relativement difficile d’accès; Philip H. Gosse remonte le ruisseau Bradley pour finalement accéder au « Bois Brule » après une longue marche parsemé d’obstacles. Alors qu’il s’attendait à se retrouver dans une clairière, il se retrouve en bordure d’un milieu humide, couvert de mousses, parsemé d’épinettes rabougries et noircies. Le phénomène tiendrait, lui aurait-on raconté, à d’anciens barrages de castors qui, en inondant le milieu, ont changé l’environnement initialement boisé en un marécage, altérant la croissance des arbres, leur donnant l’apparence de ce qu’il en reste après un incendie de forêt, d’où le « Bois Brule » pour désigner les lieux.
Si l’excursion de Philip H. Gosse au « Bois Brule » avait pour objectifs de satisfaire sa curiosité de naturaliste, les nombreuses descriptions de la flore qu’il y a observée en faisant foi, ce dernier nous révèle certains éléments de notre patrimoine naturel et, qui plus est, documente formellement, dans la publication The Canadian Naturalist, l’origine du toponyme : chemin du Brûlé.
« The road by which we had approached did not enter the Brule, but merely touching its edge, went straight on, entering the tall woods on the other side, and emerging, as I understand, about a mile further, into the stage road from Compton to Hatley. » The Canadian Naturalist, pages 301-302.
En situant ses observations « scientifiques » de la faune et de la flore dans leur environnement spécifique, Philip H. Gosse nous révèle fortuitement, tout au long des 372 pages de son traité de sciences naturelles, les noms de lieux et de personnes qui faisaient alors partie du paysage comptonois des années 1830-40.
Sources :
GOSSE, Philip Henry. The Canadian Naturalist : A Series of Conversations on the Natural History of Lower Canada. Londres, 1840. Site Internet : https://books.google.ca/books?id=b0NKAAAAYAAJ&ots=OXBi5qgDzz&dq=philip+gosse&pg=PR3&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false (Consulté le 10 juin 2020)
Bernard Epps, Illustrator Philip Henry Gosse in Townships wilds dans The Record, 10 novembre 1982, page 11. Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Site Internet : http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2941688?docsearchtext=gosse%20epps (Consulté le 9 juin 2020)
Douglas Wertheimer, « GOSSE, PHILIP HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– Site Internet : http://www.biographi.ca/fr/bio/gosse_philip_henry_11F.html. (Consulté le 11 juin 2020).
[1] « Bois Brule » est le terme que Philip Henry Gosse utilise dans The Canadian Naturalist, publié à Londres en 1840.
[2] Les personnes intéressées pourront lire The Canadian Naturalist sur le site : https://books.google.ca/books?id=b0NKAAAAYAAJ&ots=OXBi5qgDzz&dq=philip+gosse&pg=PR3&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false