La soupe aux pois: l’un des plus vieux mets de notre patrimoine alimentaire
En cette saison de cabane à sucre, la soupe aux pois est reine. Saviez-vous que cette recette serait à peu près la même qu’il y a 3 000 ans? Ce sont les Celtes qui auraient mis au point le procédé de fabrication de la brique de lard salé. Le gras de porc était coupé en carrés et entouré de sel. On arrivait ainsi à conserver le lard très longtemps, même à travers les chaleurs d’été. Cette brique de lard salé est ainsi devenue la pièce maîtresse de plusieurs soupes paysannes européennes, dont notre fameuse soupe aux pois. Les colons de Nouvelle-France l’ont apportée avec eux et ils semèrent des pois dès leur installation au pays. Fait amusant, la soupe aux pois du vendredi, jour maigre imposé par l’Église, était plutôt cuisinée avec un morceau de gras de baleine salé.
Nourrissante, économique et nécessitant peu d’attention durant sa longue cuisson, la soupe aux pois s’impose comme l’ordinaire de semaine dans la plupart des familles et, bien entendu, dans les camps de bûcherons. C’est d’ailleurs au 19e siècle qu’apparaît l’insulte anglaise Pea Soup, qui sera déformée en pissou. Cette expression désignait les bûcherons canadiens-français, parce qu’ils se nourrissaient principalement de soupe aux pois, malgré leur dur labeur. Le député fédéral Joseph-Arthur Lapointe répliquera aux railleurs par ce poème patriotique paru dans la revue littéraire Le Terroir en 1909.
Chassez ce soupçon de mépris
Pour la soupe que je chéris.
C’est la soupe de vos ancêtres
Dont le courage était puissant :
Dans les vastes chaudrons de fonte,
En acclamant la liberté,
Ils savaient la manger sans honte,
Sans faiblesse et sans lâcheté.
Je la vois à travers vos veines,
L’incomparable soupe aux pois :
C’est la soupe des Canadiennes
Aux cœurs énergiques et droits.
Bon Temps des Sucres!
Profitons-en pour savourer fièrement trois millénaires d’histoire par un bol de soupe aux pois!
