Croire en sa cause
Créé en 1997, le Comptoir familial de Compton est une mine de ressources pour ceux qui s’y rendent régulièrement : vêtements pour adultes et enfants, draps, chaussures, jouets, rideaux, livres, ustensiles et vaisselles en tout genre, etc. Usagés n’étant pas synonyme d’abîmés, les articles qu’on y retrouve semblent pratiquement neufs! Cette caverne d’Ali Baba situé au sous-sol de l’église ne serait rien sans tous les bénévoles qui y offrent leur temps et leurs talents, comme c’est le cas de Mme Luce Michaud.
Un emploi du temps chargé
Anciennement infirmière en pédiatrie, poste qu’elle a occupé pendant 37 ans, Mme Michaud faisait du bénévolat même avant sa retraite. « Auparavant, j’habitais Sherbrooke. C’était très différent. Je n’y faisais pas de bénévolat. Quand je suis arrivée dans notre milieu rural, j’y ai rapidement vu des besoins, surtout pour les familles, et j’ai décidé de m’impliquer. » Avec son conjoint Guy Michaud, ils ont trois enfants maintenant adultes et quatre petits-enfants âgés entre cinq mois et huit ans. Une de leurs filles travaille comme éducatrice en garderie, l’autre comme infirmière, alors que le fils enseigne l’éducation physique. « Mon mari et moi avons toujours été sportifs. Ça s’est transmis, en plus de la passion pour la jeunesse. »
Toutes sortes d’intérêts, toutes sortes de bénévolat
Étant une personne active, Mme Michaud s’est impliquée dans différents domaines. À partir de 1988, elle participe à la chorale de l’église, et ce, pendant plusieurs années. Elle a enseigné aux jeunes le cours de gardiens avertis. Elle a fait partie du Comité Famille et Aînés de la Municipalité, en plus de faire du bénévolat pour le Centre d’action bénévole de la MRC de Coaticook par leur service d’aide à l’impôt. En 1989, elle participera à la création du CPE Les Trois Pommes jusqu’à son ouverture en 1996. « Évidemment, mes enfants étaient rendus trop vieux, mais maintenant ça profite à d’autres familles. Des fois, on ne travaille pas juste pour nous, on travaille pour qu’un projet avance, puis aboutisse. » Depuis 2000, elle fait surtout du bénévolat au Comptoir familial.
Le bénévolat au Comptoir familial
Le fonctionnement de base est assez simple, les gens déposent leurs dons de vêtements ensachés dans le conteneur bleu situé dans le stationnement de l’église. Les bénévoles, composés en ce moment d’une douzaine de personnes, vident et trient ce qui y est déposé. Une partie est gardée pour être vendue au comptoir, alors que le reste est expédié à Récupex qui peut l’envoyer dans des milieux défavorisés, même dans d’autres pays ou bien ils transforment le tissu pour le récupérer. Il y a donc des bénévoles qui ne participent qu’au tri des vêtements, d’autres préfèrent être au comptoir pour la vente ou placer les articles sur les rayons, alors que d’autres touchent à tout. Le comptoir étant ouvert les mercredis et jeudis de 13 h à 19 h, les bénévoles se partagent l’horaire à leur convenance.
« Le Comptoir familial, c’est pour tout le monde. Que tu sois pauvre ou riche, c’est ouvert à tous. », nous glisse Luce. Toutes sortes de dons sont acceptés tant que ce n’est pas trop gros. L’espace étant restreint, il n’y a pas de place pour des meubles, par exemple. Tout est à prix modique, et l’argent est retourné à la communauté, via des demandes faites au Club Lions de Compton ou directement au Comptoir familial. Depuis 2016, le Comptoir familial est une sous-branche du Club Lions de Compton. Il participe entre autres à l’achat de dictionnaires pour l’école, offre une aide financière pour les gens dans le besoin ou pour aider l’église, etc. Le Comptoir familial a aussi son propre CA et demeure autonome dans ses dépenses. Mme Michaud y tient le poste de secrétaire/trésorière où son intérêt pour les chiffres est bien apprécié. Elle fait le bilan financier chaque mois.
La clientèle est surtout composée de femmes qui magasinent pour elles, leurs enfants ou leur conjoint. Les travailleurs étrangers aiment aussi beaucoup le Comptoir familial. Ils sont là à l’année, presque toutes les semaines. « J’ai suivi un cours sur dix semaines pour apprendre un peu l’espagnol et pouvoir communiquer avec eux : les chiffres, les mois, mais aussi pour leur demander leur nom. Je continue de m’améliorer. »
« La beauté du bénévolat, c’est qu’on choisit de le faire. Ça ne nous est pas imposé. »
Pour Mme Michaud, offrir de son temps vient naturellement. Elle aurait pu choisir toutes sortes de bénévolat, mais travailler dans le linge a particulièrement attiré son attention. Surtout qu’elle y met de son temps depuis plus de vingt ans. « J’ai toujours aimé m’impliquer. Quand j’étais jeune, je lisais à l’église pour les sermons. Nous étions une famille de dix enfants. Il y avait une grande garde-robe remplie de vêtements, et j’aimais aller fouiller là-dedans. On recevait des sacs de linges de la voisine et des cousines de ma mère et on s’amusait à choisir. » Autre chose que Mme Michaud affectionne particulièrement, c’est de pouvoir être autonome dans ses actions, même en travaillant avec d’autres personnes. « J’aime pouvoir développer des choses, partager mes idées. On peut prendre des décisions ensemble et les appliquer. »
De la relève et de la persévérance
Dans les bénévoles, c’est une autre belle fierté de compter Mme Chantal Drouin qui est la fille de Lucille Drouin, la fondatrice, avec Alberta Veilleux, du Comptoir familial. « Mme Drouin a monté ça, au départ avec son argent. C’est un projet dans lequel elle a cru. Justement, pour développer un projet, il faut y croire! Il y aura toujours des gens pour nous dire que ça ne marchera pas. Il faut juste continuer, même si c’est long, il faut être persévérant. C’est ça, le secret. »