La musique au quotidien

Joscelyn en spectacle au Lieu historique Louis-St-Laurent à Compton
Joscelyn en spectacle au Lieu historique Louis-St-Laurent à Compton | Photo : Sylvie Deschamps

Jordane Masson

29.02.2024

Compton au boulot : Joscelyn Drainville

Natif de Montréal, Joscelyn Drainville a aménagé dans la campagne comptonoise avec sa conjointe, Sylvie Deschamps, il y a à peine deux ans. Deux passionnés de culture et d’arts, ils ont su faire rapidement leur place dans la communauté à travers le bénévolat. Musicien et compositeur depuis des années, M. Drainville partage avec nous son parcours atypique.

Qu’est-ce qui vous a amené à jouer de la musique?

Mon frère Michel jouait de la guitare classique. Il m’a convaincu d’essayer, mais je n’aimais pas les instruments à cordes. Un jour, il m’a proposé le saxophone. J’avais seize ans et j’ai eu la piqûre. Je pratiquais quatre à cinq heures par jour. J’ai suivi des cours privés avec un professeur extraordinaire, Gilles Belisle. Il a eu une grande influence pour moi sur le concept de ce qu’est un instrument à vent, surtout le saxophone. Il avait toute une philosophie qui me suit encore aujourd’hui.

Parlez-nous de votre parcours.

Au Cégep, je suis entré en électrotechnique. J’ai toujours aimé l’électronique. En fait, je suis un fou de l’audio Hi-Fi! J’aimais bricoler et modifier les appareils électroniques. Par contre, j’étais tellement investi dans ma musique que j’ai décroché du reste. J’ai essayé les sciences humaines, puis les sciences sociales, mais sans conviction. Par la suite, j’ai travaillé à la Ronde pendant trois étés en « Big Band – Musikatous », formé de dix-sept musiciens. J’ai adoré et je me disais que c’est ça que je voulais faire. Comme il fallait que je gagne ma croûte, j’ai dû trouver un travail. Pendant cinq ans, j’ai eu un poste de jour dans les pharmaceutiques. À 26 ans, j’ai tout lâché pour aller étudier en musique. J’ai fait un an à l’Université Concordia en Beaux-Arts, spécialité musique. Là-bas, j’ai eu un professeur et pianiste exceptionnel, Jan Jarczyk qui avait une philosophie musicale vraiment extraordinaire. Grâce à lui, j’ai eu une bourse d’étude d’un mois au Banff School of Fine Arts. C’était animé à l’époque par Dave Holland, un contrebassiste de réputation mondiale. Vivre dans la musique jour et nuit pendant un mois, c’était le paradis! Par la suite, je suis allé à l’UQAM pour faire un certificat en enseignement de la musique. J’ai fait partie d’un groupe qui jouait dans les Laurentides plusieurs années (Kaméléon). Un jour, l’ex-femme d’un ami claviériste, qui travaillait au Cirque du Soleil, cherchait un saxophoniste capable de jouer du clavier et des percussions pour partir en tournée. Après quelques hésitations, j’ai décidé de le faire. Je suis parti pendant cinq ans. D’être versatile en musique, ça m’a ouvert de belles portes sur toutes sortes d’expériences musicales. J’ai fait de belles tournées au Québec comme ailleurs dans le monde, dont la dernière avec Alain Dumas au Québec.

Joscelyn à l’époque du Cirque du Soleil Crédit : Collection personnelle

Quel est votre quotidien de musicien de nos jours?

On n’est jamais retraité de la musique. Il n’y a pas une journée que je ne joue pas. L’hiver, je peux pratiquer deux heures par jour (saxophone et flûte). J’ouvre mon ordi, je travaille mes compositions. J’ai des projets avec des artistes des alentours, dont mon ami, Pascal Véraquin, du studio Toscana à Sherbrooke et François Morin, un pianiste compositeur de Waterville. J’en reçois des propositions depuis que j’habite à Compton, c’est merveilleux! J’ai pu jouer à la Bibliothèque Françoise-Maurice de Coaticook, au Lieu historique Louis-S.-St-Laurent, à la Maison des arts Saint-Laurent et à ART’M de Magog pour des vernissages. L’été dernier, j’ai sorti mon album Under Cosmic Influences sous mon nom d’artiste, Jossfunk. Bref, je travaille à mon rythme, selon ce qui me tente, et dans le plaisir!

Quels seraient vos conseils pour un musicien débutant?

C’est beaucoup plus compliqué de nos jours. De mon côté, j’ai fait affaire avec la compagnie californienne CD Baby qui distribue mes albums à la majorité des plateformes existantes. Souvent, ça me rapporte zéro. Il n’y a que des applications comme Band Camp, gérées par des musiciens, qui font que lorsque tu vends un album à 10 $, il te revient environ 8 $. Là, c’est intéressant. Les autres grosses plateformes, ils redistribuent entre 30-40 % des profits aux meilleurs vendeurs et empochent le reste. Je pourrais accumuler 25 000 écoutes et je ne recevrais rien. C’est assez décourageant. Bref, un jeune musicien qui débute, je lui dirais de se faire des réseaux sociaux solides, d’avoir de bons contacts, d’être versatile, de faire de la promotion et de monter quelque chose d’original. Surtout, jouer le plus possible devant public. C’est là que l’argent se fait. Avant, les groupes de musique montaient un spectacle pour faire la promotion de leur album et en vendre le plus possible. Maintenant, ce sont les billets de spectacle qui rapportent. Aussi, il y a toujours une question de chance, d’être à la bonne place, au bon moment.

Qu’est-ce que vous aimez de la musique?

La musique, c’est une passion. C’est l’amour que le musicien a pour cette forme d’art. J’aime la musique dans tous ses aspects, pas juste à travers le saxophone. J’aime le funk, le soul, le R&B et le jazz. Je peux trouver mon compte dans le Pop aussi. C’est l’esthétique musicale qui va venir me chercher. C’est ce que j’aime et que je continue de travailler dans mes compositions, dans ma façon de jouer. Surtout, il faut que ça parle et que ce soit personnel.

Couverture de l’album de Joscelyn
Vous avez aimé cet article? Partagez-le!

S'abonner à l'infolettre?
C’est simple.

Sélectionnez vos champs d'intérêts

Recevez les actualités par courriel!

Je veux m’abonner