À la rencontre du couple Margarit

Le couple Margarit aujourd'hui | Photo: Danielle Goyette

« J’aime les gens au Québec! »

Marius Margarit


Felicia et Marius Margarit partagent, depuis plus de 30 ans, une destinée qui fut ponctuée par le départ de leur pays d’origine et le bonheur de vivre heureux au Québec, plus précisément à Compton.

Faisons connaissance avec ces Roumains… Québécois!

Tous deux nés en Roumanie, Marius et Felicia se sont rencontrés en 1992. M. Margarit exerçait comme médecin physiatre dans un hôpital au nord-ouest de la Roumanie lorsqu’il a rencontré l’élue de son cœur. De son côté, Mme Margarit suivait une formation universitaire en physiothérapie et ils ont partagé le même milieu de travail.

Les deux amoureux uniront leurs destinées en 1993 et ils auront leur premier enfant, Radu, en 1994 et un deuxième, Tudor, en 1996. 

Alors que l’Europe de l’Est est le théâtre de la chute des régimes communistes entre 1988 et 1991, c’est en mai 1990 que la dictature communiste s’effondre en Roumanie. « Avec la police secrète de Ceausescu au pouvoir, il y avait beaucoup de corruption et le pays n’était pas stable. C’est là que j’ai proposé à Felicia de quitter le pays », explique Marius Margarit. « J’étais d’accord, car nous ne voulions pas que nos enfants grandissent dans un avenir aussi incertain », complète Felicia.

En visite à Mont Tremblant en famille | Photo: collection personelle

En route vers le Québec

Le docteur Margarit a occupé plusieurs postes importants dans son domaine au fil des années, notamment comme chef de département en neurologie dans un hôpital de réadaptation et en enseignement universitaire. Quant à Felicia, qui était devenue physiothérapeute, elle travaillait dans le même département de réadaptation que lui. 

Comme la profession de physiothérapeute était en demande sur le marché du travail au Québec, ils ont pu appliquer pour immigrer. Les critères d’immigration étaient très élevés à cette époque. « Nous avions trois choix comme lieux d’immigration : l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou le Canada. C’est ainsi que nous avons finalement choisi le Québec, parce qu’on y parle français et cette terre d’accueil était plus proche de notre culture aux racines latines, soulignent les Margarit. Nous avons fait notre demande en 1998 et près de deux ans plus tard, nous étions acceptés par le Québec et nous avons ainsi quitté la Roumanie en 2000. »

En plein froid hivernal

La petite famille a donc quitté la Roumanie en 2000. Ils atterrissent le 20 janvier à Montréal par une température de -22°C. Ce sera toute une adaptation pour eux, la langue française, l’hiver québécois… mais l’important c’est qu’ils se sentiront accompagnés par la gentillesse accueillante des Québécois tout au long de l’apprentissage de cette nouvelle vie.

« Nous nous sommes accommodés même si nous avions l’impression de sauter dans un train en marche. Notre vie a commencé dans le quartier Côte-des-Neiges à Montréal. Il fallait habiter près de l’Université de Montréal où Felicia faisait son équivalence de diplôme alors que moi, j’ai passé une année à faire mes examens pour pouvoir être reconnu dans le système médical québécois afin d’y devenir médecin. En plus, nous suivions tous des cours de francisation intensifs pour nous débrouiller dans cette langue le plus rapidement possible. Ça a été une période de travail ardu pour toute la famille. Nos enfants ont pu parler français beaucoup plus vite que nous deux. »

Deuxième été à Montréal | Photo: collection personelle

D’une ville québécoise à l’autre

Pour suivre ces cours, Marius se déplace d’abord à l’Université de Sherbrooke puis revient à l’Université de Montréal. Par la suite, il trouve un poste à Sept-Îles comme médecin de famille, emploi qu’il occupera pendant dix ans tandis que Felicia pratiquera en physiothérapie. Alors que les froids hivernaux en Roumanie ne connaissent que des températures rarement de moins de dix degrés, la Côte-Nord leur fait découvrir des hivers pas mal plus frisquets. 

« Nous sommes ensuite allés vivre une année en Colombie-Britannique dans l’espoir d’offrir une immersion en anglais aux enfants afin qu’ils deviennent bilingues, nous raconte M. Margarit. Je n’ai pas vraiment aimé ma pratique là-bas, mais, par contre, ça a été bénéfique pour les garçons. On est ensuite revenus au Québec et l’Estrie nous semblait la meilleure région. Et on avait raison! On voulait également vivre en campagne et c’est ainsi qu’on a choisi Compton quand on a trouvé cette jolie maison où nous nous sommes installés en 2011. Ce fut un coup de cœur en la voyant et nous y sommes heureux depuis tout ce temps, confirme madame Margarit. Puis, de mon côté, je suis retournée travailler au CHUS Fleurimont, le lieu de mon premier emploi au Québec, et mon mari a commencé sa pratique qu’il adore encore aujourd’hui à Coaticook. En parallèle, nos deux garçons devenus adultes ont suivi les traces de leur père et ils se préparent à devenir médecins spécialistes. Ils étudient à Bucarest pour connaître leur pays natal, car ils avaient trois et cinq ans lors de notre arrivée ici.

« Il m’arrive d’être un peu nostalgique quand je pense à ma jeunesse en Roumanie. Nous avions beau vivre dans un régime oppressif totalitaire, nous étions jeunes, pleins d’énergie et nous étions animés de tant d’espoir. Tous les voyages qu’on faisait ou qu’on rêvait de faire, tous les projets qu’on espérait réaliser! »

– Marius 

La vie est belle au Québec, mais il n’y a pas de printemps…

Quand on leur demande s’il y a quelque chose qui leur manque de leur Roumanie natale, M. Margarit nous étonne. « Je trouve qu’ici, il n’y a pas de printemps! En Roumanie, le printemps, qui est ma saison préférée, commence déjà en fin février, les fleurs sont déjà sorties en mars et en avril et la période des cerises est superbe alors qu’ici on dirait que le printemps ne dure que quelques jours. On passe trop vite de l’hiver à l’été, c’n’est pas moins qu’un mois tout simplement! »

Et Felicia ajoute : « Nos parents nous manquent aussi. La mère de Marius et mon père sont encore vivants en Roumanie. La mère de Marius est très malade. Nous allons au pays en visite chaque année pour les revoir et garder aussi contact avec quelques amis demeurés là-bas. »

Quant aux traditions, le couple ne voit pas de si grandes différences avec le Québec. Ils célèbrent Noël de la même façon que nous et ils ont vite adapté leur cuisine aux produits d’ici.

« Nous adaptons nos plats comme la salade de bœuf avec les produits que l’on trouve sur le marché », explique Felicia.

« J’aime beaucoup la recette de salade d’aubergines entre autres et le Sarmale, un plat traditionnel qui se compose de choux farcis ou de feuilles de vigne avec du porc ou du veau, de la sauce tomate et du riz», enchérit Marius.

« Je cuisine parfois aussi un gâteau typique de Roumanie qui s’appelle Cozonac qui ressemble un peu au Panettone italien, mais qui ressemble plus à un gâteau roulé avec zeste d’orange, de citron, vanille et rhum… », conclut Felicia.

« Nous travaillons beaucoup, mais quand on a un peu de temps, nous aimons aller marcher au Parc de la Gorge entre autres. Marius joue au tennis alors que moi, j’aime bien jardiner dans mes plates-bandes. Je suis aussi en train d’apprendre le piano actuellement. »

– Felicia

À la découverte de l’Ouest canadien, Vancouver 2009 | Photo: collection personelle

La tolérance des gens d’ici

« On s’est vite fait des amis ici. On s’invite à manger, on fait des petites fêtes à la maison. Les amis nous accueillent chez eux. On a un beau groupe de gens et de collègues qui nous entourent avec qui on aime partager de beaux moments », nous apprend madame Margarit.

« Les Québécois sont souriants, on se sent à l’aise en leurs présences, on rencontre partout des sourires, des rires. »

– Marius 

« Le Québec, ce sont des gens qui se sont battus pour se construire une belle société dans un climat aux températures très dures. Des gens qui se sont sacrifiés pour bâtir une société qui fait l’envie de bien des peuples du monde. Beaucoup veulent venir vivre au Québec! J’admire vraiment les Québécois qui ont créé cette société ici, ils ont travaillé fort dans des régions isolées à la vie dure et cela a donné quelque chose de vraiment bien! Comme dans les livres de Kamouraska et de Marie Chapdelaine! »

Et en terminant, Marius Margarit n’hésite pas à parler à quel point il apprécie encore aujourd’hui l’accueil des Québécois, leur tolérance, leur ouverture, leur joie de vivre. « Les gens chez nous ont l’air tristes, ils sont tristes. Les Québécois sont joyeux. Ils sont respectueux aussi. J’aime leur politesse. Ils ne manifestent pas de discrimination envers nous. On ne se sent pas juger. Ils n’aiment pas avoir de confrontations avec les autres. Les Québécois sont des gens gentils. 


Ce que j’aime le plus au Québec? Oui, c’est ça, ce sont les gens. 

On se sent bien de vivre ici! On est heureux! »


Quelques mots en roumain 

Bonjour!Bună ziua!
Comment vous appelez-vous?Cum vă chiama?
Vous allez bien?Sunteti bine?
Excusez-moi.Scuzați-că
Puis-je vous aider?Pot să vă ajut?
À la prochaine!ne vedem in curănd
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