S’ouvrir aux différences
Para la versión en español: Abrirse a las diferencias
Il n’y a pas de plus beau bénévolat que celui fait avec passion. Pour John Acuna, une des causes lui tenant la plus à cœur s’inscrit dans l’ouverture aux autres. Natif des Philippines, il n’a pas de difficulté à se mettre dans les chaussures des nouveaux arrivants et des travailleurs étrangers. Voilà pourquoi il s’implique dans l’organisme Actions interculturelles et son volet Ensemble, on sème, en plus d’être membre de la brigade d’accueil des nouveaux arrivants de la MRC de Coaticook.
Baigner dans la diversité culturelle
En vivant sa jeunesse et son adolescence aux Philippines, M. Acuna a grandi dans un milieu où la diversité culturelle s’impose d’elle-même. Ce pays, constitué de plus de 7 100 îles, dont 2 000 sont habitées, compte près d’une centaine de dialectes. « Sans sortir de mon pays, il y avait déjà une grande diversité dans les langues, la culture, la cuisine, les façons de faire, etc. Je parlais le tagalog et l’anglais. Par la suite, j’ai appris l’espagnol et le français. Mon père parle lui-même sept langues et m’a toujours dit qu’apprendre différentes langues ouvre des portes. Il a bien raison! »
Une vie de voyages
Après son déménagement à Londres où il y passera quinze ans, M. Acuna décide de parcourir l’Amérique latine avec sa conjointe de l’époque, une Québécoise-Française. Pendant deux ans, ils découvriront de nouvelles cultures, différents peuples et s’y immergeront complètement, avant de venir s’établir officiellement au Québec. « J’ai vécu la déchirure culturelle deux fois, en partant des Philippines à Londres, puis de Londres au Québec. S’intégrer à un nouveau milieu, c’est très complexe. Voilà pourquoi la diversité culturelle me touche et m’amène à m’impliquer. J’ai aussi toujours aimé voyager et découvrir de nouvelles cultures, ça me passionne. »
Maintenant employé chez Bombardier Produits récréatifs (BPR), John Acuna est père de deux filles, Mikaëlla, 9 ans, et Lilia Naessens-Acuna, 10 ans. En couple avec Geneviève Boulanger qui a aussi une fille, Alyson Tardif, 13 ans, il habite au Québec depuis 2011 et s’est installé à Compton en 2016.
Ensemble, on sème
Créé en 2021, le projet Ensemble, on sème vise à favoriser l’intégration sociale des travailleurs étrangers temporaires dans leurs communautés d’accueil respectives. Le service rejoint plus de 480 travailleurs étrangers temporaires dans la région de Sherbrooke et des MRC avoisinantes. « Ce que ce projet a d’intéressant, c’est qu’en plus d’organiser des activités sociales, il propose un service de traduction et d’accompagnement. Comme exemple, une personne va prendre le temps d’expliquer aux travailleurs étrangers leur talon de paie, pourquoi il y a des déductions, etc. Ce sont des petites choses qui changent tout pour des personnes qui ne comprennent pas le français. »
Le projet Ensemble on sème a été conçu et est dirigé par Jasmin Chabot. Sorties en kayak, randonnées au parc de la Gorge de Coaticook, tournois de soccer, participations à des fêtes dans plusieurs municipalités, mise en place de cuisines collectives et bien d’autres moments d’échanges ont été organisés pour permettre aux travailleurs étrangers de visiter l’Estrie, mais aussi pour socialiser et partager avec différentes personnes de la communauté. « Mon rôle en tant que bénévole est simplement d’être présent, de parler avec les travailleurs étrangers et de les écouter. Ça leur permet de connaître un visage s’ils me croisent dans le village. D’avoir quelqu’un qui leur parle en espagnol, ça aide aussi à se sentir moins seul. »
L’importance des travailleurs étrangers
Alors que la pénurie de main-d’œuvre se fait ressentir de plus en plus, surtout en campagne, l’emploi de travailleurs étrangers semble un outil fort pertinent pour permettre aux producteurs et aux entreprises de la région de poursuivre leurs activités. « Si on ne facilite pas l’arrivée des travailleurs étrangers à travers des services comme Ensemble, on sème, on nuit au final à notre propre économie. Il faut une main-d’œuvre pour notre production locale ainsi qu’une aide et une offre de service adéquates pour soutenir tout cela, faciliter le lien entre l’employeur, l’employé et la communauté. Ce qui est intéressant dans ce projet, c’est que non seulement il y a un soutien pour les travailleurs étrangers, mais il y a aussi un volet informatif pour sensibiliser les citoyens à leur réalité. C’est vraiment important! »
La brigade d’accueil
Depuis 2019, soutenue par l’agente d’accueil et d’immigration, Patricia Gardner, la Brigade d’accueil de la région de Coaticook a pour but de faciliter l’arrivée, l’établissement et l’intégration de nouveaux résidents sur le territoire. Ce comité regroupe plus d’une quinzaine de personnes habitant différentes municipalités de la région, et beaucoup d’autres s’ajoutent lors des activités. « En tant que membre de ce comité, nous donnons nos informations aux nouveaux résidents, peu importe d’où ils arrivent, pour pouvoir nous contacter s’ils ont des questions. Aussi, nous mettons en place des activités et des événements comme des randonnées, des 5 à 7 et des sorties culturelles, cela afin de les aider à s’intégrer dans la communauté et de créer des liens entre nouveaux et anciens résidents. »
La différence
Que ce soit une question de religion, de culture, de langue, de handicap physique ou même de genre, la diversité fait partie de notre quotidien. M. Acuna a ce souhait que le tout devienne un tremplin plutôt qu’un obstacle. « Pour moi, la différence, c’est une beauté, c’est une force. Il faut la célébrer. Comme en cuisine, lorsqu’on travaille avec plusieurs ingrédients différents, ça apporte une variété de saveurs! Pour moi, c’est la même chose pour les peuples. Ça apporte une diversité de points de vue et d’opinion. Quelle meilleure façon de trouver des solutions à un problème? Il faut prendre le temps d’écouter l’autre sans jugement. On n’a pas besoin d’être en accord, mais on peut partager nos points de vue dans le respect. C’est un apprentissage important. »
M. Acuna poursuivra son bénévolat où il en profite parfois pour amener ses filles. Pour lui, ce sont des moments privilégiés où tout le monde est accepté et qui permettent de s’ouvrir aux autres. « Des projets comme Ensemble, on sème et la Brigade d’accueil créent un milieu de partage sécurisant. Les préjugés et la fermeture d’esprit amènent tellement de stress et de division, c’est triste! Il faut apprendre à s’asseoir autour d’une bonne bouffe, se parler et s’écouter sans jugement. Il faut développer une culture d’inclusion pour comprendre qu’au final nous sommes tous différents, mais égaux. J’ai espoir que, dans un avenir pas trop éloigné, il sera possible de se regarder avec égalité et respect. »
Vous voulez plus d’informations sur le projet Ensemble, on sème ou sur la Brigade d’accueil de la région de Coaticook? Visitez leur site Internet :