L’affaire du pont du chemin de Cookshire à Compton fait des vagues

Le pont Cookshire à Compton
Le pont, situé au-dessus de la rivière Moe’s, a en effet été construit en 1945, et est arrivé en fin de vie utile.

Une pétition citoyenne a été lancée sur le site de l’Assemblée nationale par des citoyens soucieux d’obtenir une garantie de sa reconstruction.

Il est d’abord important de souligner que – si la décision de la démolition du pont actuel est déjà confirmée étant donné son état et son âge – la question de sa reconstruction reste ouverte. Le ministère des Transports et de la Mobilité durable du Québec prendra une décision avant le début de l’été, soit au courant du mois de juin 2024.

Le pont, situé au-dessus de la rivière Moe’s, a en effet été construit en 1945, et est arrivé en fin de vie utile. Cela signifie qu’il nécessite une reconstruction complète. La décision de sa reconstruction ou non revient au Ministère, puisque c’est lui qui a repris depuis 2007 la responsabilité des 4200 ponts des municipalités de 100 000 habitants et moins.

Afin de bien prendre en compte l’ensemble des implications et des enjeux autour de cette décision, la firme Raymond Chabot Grant Thornton a été mandatée par le Ministère pour faire une analyse approfondie de son utilisation et de ses impacts socio-économiques sur plusieurs variables, dont les services d’urgence, les impacts économiques, commerciaux, etc. Les conclusions de cette étude seront considérées par le Ministère pour prendre la décision finale.

Le pont Cookshire à Compton
Il est d’abord important de souligner que – si la décision de la démolition du pont actuel est déjà confirmée étant donné son état et son âge – la question de sa reconstruction reste ouverte.

C’est dans le cadre de cette analyse par la firme qu’une séance de discussion a été organisée le mercredi 27 mars dernier, lors de laquelle des citoyens invités ont pu s’exprimer par rapport à l’importance du pont dans leur vie quotidienne. Selon le Ministère, l’invitation à cette séance a ciblé les seuls riverains qui devraient parcourir un détour d’environ cinq km pour se rendre au coeur villageois en l’absence du pont. Ce ciblage était le fruit d’une démarche en étapes afin de consulter d’abord les personnes les plus touchées par une éventuelle démolition.

En plus de la séance de discussion, d’autres parties prenantes ont été consultées, notamment les services d’urgence et le transport scolaire. L’ensemble des informations se trouvera dans le rapport, qui sera présenté à la Municipalité de Compton et à la MRC après analyse par le Ministère.

Il n’est pas encore décidé si le document résultant de cette étude sera partagé de façon publique ou non. Mais il sera dans tous les cas accessible sur demande en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels. La procédure pour faire une demande se trouve sur le site Web du Ministère.

L’acheminement des invitations à cette consultation a soulevé plusieurs interrogations auprès des personnes concernées. Frédéric, habitant du chemin de la Rive, juste de l’autre côté du pont partage ses inquiétudes avec nous : “Il y a très peu de gens qui ont été impliqués. Un ami sur le chemin Yves Hill n’a pas reçu l’invitation.” Et d’ajouter : “Je vois quelqu’un qui se promène sur mon terrain. Je lui demande si je peux l’aider. Il remettait les convocations.” La convocation papier, dont une photo a été partagée sur les réseaux sociaux, était exigée pour participer à la rencontre.

Frédéric est impliqué à Coaticook et utilise le pont sur une base quotidienne, comme plusieurs habitants du chemin de la rive, et des environs. Il en souligne les avantages pratiques et en termes de sécurité : par exemple pour aller chercher quelque chose à l’épicerie ou bien encore revenir du travail un soir d’hiver ou même la nuit.

Kathleen, sa voisine, exploite quant à elle une chèvrerie. Le pont est déjà actuellement réduit en poids, avec des conséquences directes : la livraison des moulées doit déjà faire le tour, avec des frais associés.

L’un des critères utilisés dans l’analyse de la pertinence de la reconstruction du pont est le débit de circulation sur le pont. Le Ministère nous indique que selon ses plus récentes données, le débit de circulation est d’environ 220 véhicules par jour, dont environ 3 % de camions. Ces données proviennent de deux comptages réalisés en 2022, soit respectivement du 26 au 28 avril et du 16 au 22 août, auxquels s’ajoutent deux autres comptages réalisés en 2023, soit respectivement du 4 au 6 juillet et du 10 au 12 octobre (mardi au jeudi). Le Ministère indique que les données de 2022 et 2023 sont sensiblement les mêmes, et permettent d’établir une moyenne de passage qui s’élève à 220 véhicules par jour.

Les comptages ont été réalisés sur une période de 24 h au moyen d’une caméra afin de dénombrer les véhicules et leur catégorie (léger ou lourd).

Il est à noter que le Ministère ne possède pas de données sur le débit de circulation avant 2021, année à laquelle le pont a été restreint aux véhicules de 18 tonnes et moins. L’impact de cette limitation sur l’usage du pont par les transporteurs et les travailleurs agricoles de la région est incertain. Cette absence de données avant 2021 fait notamment partie des raisons qui justifient la réalisation d’une étude socio-économique, afin que le Ministère ait en main toutes les données, tant quantitatives que qualitatives pour prendre la meilleure décision quant à l’avenir du pont.

Du côté du Maire de Compton, monsieur Jean-Pierre Charest, la position est très claire. “Le chemin de Cookshire est l’un des plus vieux chemins de la municipalité”, dit-il d’emblée. “Comme le chemin de Moe’s River, le chemin de Cochrane, ou le chemin Hatley. Et la communauté s’est développée selon ces axes. On ne peut pas décider du jour au lendemain qu’ils deviennent des culs-de-sac. C’était il y a 100 ans qu’il fallait décider.” Le maire souligne que c’est une question de principe, même si les chemins sont peu utilisés comparativement au reste des axes routiers, ils sont importants pour l’intégrité du territoire agricole.

“Pour moi, ce serait une atteinte grave à l’intégrité du territoire agricole dans cette zone-là”, appuie-t-il fermement. “Sans compter les détours pour tous les services ! Les camions des collectes qui devront faire demi-tour, ainsi que les autobus scolaires. Les assurances qui vont augmenter.”

C’est à partir de cette prise de position que le conseil municipal a résolu de faire la demande au ministre des Transports et de la Mobilité durable, au ministre de la Sécurité publique, et au ministre des affaires municipales, de garantir la reconstruction du pont sur le chemin Cookshire.

Beaucoup de lumière est donc à mettre dans le cadre de l’étude qui suit son cours sur l’importance de ce pont. En attendant, les citoyens concernés sont fortement invités à remplir la pétition en ligne sur le site de l’Assemblée nationale.

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