La stabulation libre, un grand changement à la ferme Comptal

Vincent Lachance Photo D Goyette
Vincent Lachance. Photo: Danielle Goyette

Danielle Goyette

04.05.2023

À dix ans, Vincent Lachance conduisait déjà fièrement des tracteurs sur la ferme familiale. D’année en année, l’adolescent rêvait de reprendre la ferme. En 2012, il acquérait ses premières actions dans l’entreprise et en 2020, il en devenait l’unique propriétaire. Depuis, Vincent a toujours évalué toutes les possibilités qui s’offraient à lui pour améliorer la ferme et le bien-être de ses animaux. Cela allait passer notamment par la transition vers la construction d’une étable de stabulation libre. Le producteur laitier, aussi administrateur à l’UPA de Coaticook et représentant des producteurs de Compton-Waterville, partage avec nous cette nouvelle réalité.

En 2021, Vincent Lachance offrait un énorme changement à sa ferme en passant de la traite conventionnelle à la robotisation en stabulation libre et en construisant un tout nouveau bâtiment de 15 000 pieds carrés pourvu d’un système d’aération performant qui élimine notamment les insectes et donne plus d’espace à ses bêtes. Le 15 décembre 2021, il inaugurait ainsi ces nouvelles installations et le tout démarrait officiellement en 2022! Par la même occasion, il en profitait pour augmenter son troupeau. En agrandissant, il pouvait ainsi rapatrier toutes les taures sur le même site, car auparavant, elles étaient réparties sur deux sites différents, ce qui demandait plus de temps de déplacement.

« Aujourd’hui, la ferme réunit un troupeau de 150 têtes, dont 80 vaches sont en lactation. Afin de les nourrir, on cultive 330 acres sur les 530 que l’on possède. La stabulation libre et les deux robots de traite ont apporté plusieurs changements, certains positifs, d’autres moins, nous lance Vincent. Du côté du temps de traite, auparavant, on faisait la traite à douze heures d’intervalle, donc on commençait la traite à 5 h 30 le matin et le soir on la commençait à 17 h 30. C’était toujours un minimum de quatorze heures obligées de journée de travail. Puis, quand je faisais seul la traite, car il est de plus en plus difficile de trouver de la main-d’oeuvre, je devais calculer cinq heures chaque fois au lieu de deux heures et demie. Et ça, c’est sans parler du temps accordé à l’alimentation et aux soins des animaux, aux imprévus, réparations et mises bas, etc. Donc, la stabulation libre et les robots de traite m’ont apporté un peu plus de liberté et du temps sauvé.

Puis, côté sécurité, il faut toujours être prudent et très attentif en traite conventionnelle, car on est toujours tout à côté des vaches, donc on se fait bousculer parfois, on peut se blesser, on doit se pencher, le dos et les genoux sont très sollicités. On doit aussi déplacer les trayeuses et c’est assez lourd comme équipement. Je trouvais donc qu’il était grand temps de passer à autre chose! »

« Les normes pour le bien-être des animaux sont très élevées au Québec et c’est bien correct, mais cela nous cause parfois des contraintes difficiles à gérer, car dans les autres provinces, certaines normes sont moins élevées que chez nous. Avec les États-Unis, c’est encore plus compliqué. Quand on parle d’antibiotiques, leurs normes sont beaucoup moins sévères qu’ici. Ici, on n’a plus le droit d’utiliser, entre autres, des antibiotiques de type 1 alors qu’ils le peuvent encore aux États-Unis. Puis, bien… ils vendent quand même du lait au Québec. C’est pourquoi c’est si important de s’assurer que le lait que les gens achètent ici affiche le logo de la petite vache bleu qui confirme que le lait vient d’ici! Quant aux pesticides, il faut aussi être conscients que certains pesticides éradiqués de l’Amérique du Nord sont encore utilisés dans d’autres pays exportateurs. Donc, acheter Québécois demeure notre meilleur choix, c’est certain! »

Bien-être animal

Le volet bien-être animal préoccupait aussi Vincent Lachance. « Une réglementation obligeant de laisser les vaches libres dans l’étable sera instaurée très bientôt. C’est une question de mieux-être pour les bêtes. On a des vaches qui ne sont pas en lactation qui sont au pâturage l’été, mais celles qui sont en traite restent à l’étable. Alors, la stabulation libre était une bonne solution pour leur apporter plus de confort, car elles peuvent ainsi circuler plus aisément. Ça demande encore beaucoup d’adaptation, mais je vois qu’on est sur un bon air d’aller! Des fois, je me demande encore pourquoi j’ai fait cela, puis d’autres fois, je vois bien que c’est ce qu’il fallait à mon troupeau et à mon entreprise! Si je gagne du temps de traite pour accorder un peu plus de temps à ma famille, d’un autre côté, le fait d’avoir tout changé me demande encore une bonne organisation que je ne maîtrise pas à 100 %! Je n’ai pas encore établi une bonne routine, mais j’ai quand même réussi à réduire mon temps de travail quotidien. »

Quelques adaptations

La stabulation libre vient aussi avec quelques contretemps. Certaines vaches n’apprécient pas la hiérarchie et provoquent parfois des altercations entre elles. Vincent doit alors les séparer. « Dans l’ensemble, c’est un grand progrès pour l’ensemble du troupeau. Les vaches profitent d’un super tapis confortable de six pouces d’épaisseur où elles peuvent se coucher. Par contre, d’autres vaches n’ont pas encore l’instinct d’elles-mêmes d’aller se faire traire aux robots, donc je dois les guider vers le lieu de traite. J’ai l’impression que certaines vaches ont peur du robot. Quand elles s’en approchent, elles reculent ou donnent des coups de patte. Le fait d’entrer dans le petit enclos, de se faire manipuler par l’appareil les rend nerveuses. Parfois, le robot, qui fonctionne avec des faisceaux laser, cherche un peu les trayons et cela donne des petits coups à la vache qui devient stressée. Mais les robots gardent en mémoire les données et cela se corrige de plus en plus. Je dois aussi gérer un peu plus de blessures de pattes des vaches qui circulent dans l’étable et qui glissent ou se heurtent ici ou là et cela cause parfois de petites infections. »

Mais peu à peu, le producteur laitier s’adapte à ce grand virage et continue d’y ajouter d’autres outils. Ainsi, en plus de ces nouvelles installations, Vincent s’est aussi procuré une distributrice de fourrage qui lui fera sauver plus de temps encore. « C’est une heure et demie par jour que j’économise depuis que j’ai cet appareil-là en marche! C’est de mieux en mieux! »

Finalement, en conclusion, Vincent nous confirme être content du temps qu’il épargne grâce à ces innovations au sein de sa ferme, bien qu’il ait encore un bon temps d’adaptation devant lui. Le fait de pouvoir faire seul son train dans un temps acceptable le rassure sur la contrainte du manque de main-d’œuvre. De plus, il est heureux de prodiguer un plus grand confort à son fidèle troupeau et il sait que cela ira en s’améliorant de jour en jour lorsqu’il aura maîtrisé tout ce renouveau au cœur de sa ferme.


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