Série Cimetières : Le cimetière Carr, troisième partie
Les réfugiés de l’Indian Stream
Un dernier groupe, constitué de membres des familles provenant de la République de l’Indian Stream qui se sont réfugiées à Compton, repose également au cimetière Carr. Rappelons les faits.
Le traité de Paris de 17831 met un terme à la Révolution américaine consécutive à la Déclaration d’indépendance des treize états unis d’Amérique le 4 juillet 1776. Il établit les limites entre les colonies américaines, nouvellement indépendantes, et les autres territoires britanniques situés en Amérique du Nord. Cependant une certaine confusion persiste quant aux délimitations de la frontière entre le Canada et les États-Unis, notamment pour les habitants de la région située au nord du New Hampshire et au sud-est du canton d’Hereford. Les problèmes que crée cette situation amènent les habitants de cette région à se doter, en 1832, d’une constitution en créant la République de l’Indian Stream. Ils espéraient ainsi pouvoir gérer les problèmes entre ceux qui se déclaraient habiter en territoire étatsunien et leurs voisins qui s’affichaient comme ressortissants britanniques, et ce, jusqu’à ce que la frontière soit officiellement établie. La République de l’Indian Stream est demeurée une république constitutionnelle non reconnue; c’est par le traité Webster-Ashburton que le litige frontalier sera réglé en 1842, traité par lequel l’ancien territoire de la République sera attribué à l’État du New Hampshire.
C’est dans ce contexte que certaines familles favorables à une « appartenance canadienne » ont été prises à partie, victimes de diverses formes d’intimidation et de violence au point où elles ont tout quitté pour s’établir du côté canadien. Une dizaine de familles se sont ainsi retrouvées à Compton, certaines de façon transitoire et d’autres, de façon permanente comme celle du juge de paix Alexander Rea. La famille d’Alanson Cummings, celles des frères Jonathan et Rufus Hartwell s’établiront dans les environs du
chemin de Hatley et du chemin Robert. Plusieurs de leurs membres, près d’une vingtaine, sont inhumés au cimetière Carr. C’est également le cas de Betsy McConnell, épouse de John H. Tyler qui, décédée à Compton pendant que la famille s’y était réfugiée, a été inhumée au cimetière Carr.
Le cimetière Carr, un lieu de mémoire d’exception
Malgré une superficie relativement restreinte, le cimetière Carr est un bel exemple de la qualité du patrimoine funéraire comptonois; la diversité des monuments, tant dans leurs formes que pour les matériaux utilisés, de même que la symbolique du langage funéraire sont particulièrement intéressantes. Il ouvre la porte à la découverte de ceux et celles qui, principalement au XIXe siècle, ont fait l’histoire de cette partie de la municipalité de Compton.
Jeanmarc Lachance
Président de la Société d’histoire de Compton
Références:
- JANSEN, Cornelius J. dans L’Encyclopédie canadienne : Traité de Paris de 1783 | l’Encyclopédie Canadienne (thecanadianencyclopedia.ca) [En ligne] Consulté le 15 septembre 2022]
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