Série Cimetières : Le cimetière Carr, troisième partie

Tourisme Coaticook: Logo de la Répblique de l'Indian Stream. Au centre: le territoire de l République.
Tourisme Coaticook: Logo de la Répblique de l'Indian Stream. Au centre: le territoire de l République.

Jeanmarc Lachance

Président de la Société d’histoire de Compton
25.10.2022

Les réfugiés de l’Indian Stream

Un dernier groupe, constitué de membres des familles provenant de la République de l’Indian Stream qui se sont réfugiées à Compton, repose également au cimetière Carr. Rappelons les faits.

Le traité de Paris de 17831 met un terme à la Révolution américaine consécutive à la Déclaration d’indépendance des treize états unis d’Amérique le 4 juillet 1776. Il établit les limites entre les colonies américaines, nouvellement indépendantes, et les autres territoires britanniques situés en Amérique du Nord. Cependant une certaine confusion persiste quant aux délimitations de la frontière entre le Canada et les États-Unis, notamment pour les habitants de la région située au nord du New Hampshire et au sud-est du canton d’Hereford. Les problèmes que crée cette situation amènent les habitants de cette région à se doter, en 1832, d’une constitution en créant la République de l’Indian Stream. Ils espéraient ainsi pouvoir gérer les problèmes entre ceux qui se déclaraient habiter en territoire étatsunien et leurs voisins qui s’affichaient comme ressortissants britanniques, et ce, jusqu’à ce que la frontière soit officiellement établie. La République de l’Indian Stream est demeurée une république constitutionnelle non reconnue; c’est par le traité Webster-Ashburton que le litige frontalier sera réglé en 1842, traité par lequel l’ancien territoire de la République sera attribué à l’État du New Hampshire.

C’est dans ce contexte que certaines familles favorables à une « appartenance canadienne » ont été prises à partie, victimes de diverses formes d’intimidation et de violence au point où elles ont tout quitté pour s’établir du côté canadien. Une dizaine de familles se sont ainsi retrouvées à Compton, certaines de façon transitoire et d’autres, de façon permanente comme celle du juge de paix Alexander Rea. La famille d’Alanson Cummings, celles des frères Jonathan et Rufus Hartwell s’établiront dans les environs du

chemin de Hatley et du chemin Robert. Plusieurs de leurs membres, près d’une vingtaine, sont inhumés au cimetière Carr. C’est également le cas de Betsy McConnell, épouse de John H. Tyler qui, décédée à Compton pendant que la famille s’y était réfugiée, a été inhumée au cimetière Carr.

Le cimetière Carr, un lieu de mémoire d’exception

Malgré une superficie relativement restreinte, le cimetière Carr est un bel exemple de la qualité du patrimoine funéraire comptonois; la diversité des monuments, tant dans leurs formes que pour les matériaux utilisés, de même que la symbolique du langage funéraire sont particulièrement intéressantes. Il ouvre la porte à la découverte de ceux et celles qui, principalement au XIXe siècle, ont fait l’histoire de cette partie de la municipalité de Compton.

Monument en mémoire d'Amos B. Hartwell (1825-1905) et de son épouse Julia A. Heath (1829-1919). Photo: Jeanmarc Lachance, 2017
Monument en mémoire d’Amos B. Hartwell (1825-1905) et de son épouse Julia A. Heath (1829-1919). Photo: Jeanmarc Lachance, 2017

Jeanmarc Lachance

Président de la Société d’histoire de Compton

Références:

  1. JANSEN, Cornelius J. dans L’Encyclopédie canadienne : ​Traité de Paris de 1783 | l’Encyclopédie Canadienne (thecanadianencyclopedia.ca) [En ligne] Consulté le 15 septembre 2022]

Suivez les lien suivant pour la première partie de la série du cimetière Carr et la deuxième partie, ou rendez vous à Mon carnet comptonois pour plus sur l’histoire de notre village!



Jeanmarc Lachance, Compton, Société d'histoire

Biographie de Jeanmarc Lachance

Président de la Société d’histoire de Compton
Né à Compton, Jeanmarc Lachance étudie au Séminaire de Sherbrooke où il complète son cours classique puis, à l’Université de Sherbrooke, des études universitaires en service social. Sur le plan professionnel, il débute sa carrière à Montréal puis revient à Sherbrooke en 1980 comme gestionnaire de services sociaux aux personnes âgées et aux personnes handicapées. Passionné de généalogie, d’histoire et de patrimoine, il est le président de la Société d’histoire de Compton. Il contribue, par diverses conférences et ses chroniques dans L’écho, à la mise en valeur du patrimoine comptonois et des événements qui ont marqué notre histoire collective.
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