Novembre le mois des morts, pourquoi?
La création du « Jour des Morts », le 2 novembre, remonte très loin au Moyen Âge. L’idéateur, l’abbé Odilon (994-1049), vivait au monastère de Cluny en région française de Bourgogne. Ce Jour des Morts, aussi appelé la Toussaint, proposait ainsi une cérémonie communautaire destinée à apaiser le repos des défunts. Selon Odilon, leur décès ne les avait pas écartés du monde des vivants, car l’homme d’Église croyait que vivants et morts demeuraient toujours liés entre ici et l’au-delà. La tradition voulait qu’au lendemain de la Toussaint, les familles se rendent au cimetière pour y honorer leurs morts.
Puis, en 1888, le Jour des Morts allait être remplacé au « Mois des morts » tout le mois de novembre. C’est le pape Léon XIII qui a alors décrété que tout le mois de novembre deviendrait le mois où l’on honorait les âmes du purgatoire. Selon lui, les âmes des défunts devaient transiter par le purgatoire pour expier l’entité de leurs fautes et c’est en novembre qu’ils devaient le faire, peu importe leur décès. Comme ce temps d’expiation pouvait prendre tout un mois selon lui, il avait donc établi que tout novembre serait attitré à cela.
Le mois de novembre aurait été choisi, car l’arrivée de l’automne nous rappelle que c’est la fin de l’été, un temps d’arrêt, un temps de réflexion. La pause de la nature nous rappelle que nous ne sommes pas éternels et que c’est un moment adéquat pour honorer ceux qui nous ont quittés une fois dans l’année.
Les rituels funéraires dans le monde
Ici ou là dans le monde, on honore différemment nos morts lors de leur décès. Découvrons quelques-uns de ces rituels.
Certaines pratiques peuvent nous paraître singulières, mais chacune est portée par un grand respect de la personne décédée.
• Alors que l’Occident s’habille de noir pour honorer ses morts, c’est en blanc que l’on rend hommage à ses défunts au Japon et en Inde et c’est en rouge qu’on le fait dans d’autres pays d’Asie, notamment en Chine.
• Au Ghana, l’enterrement est célébré comme une fête. Les cercueils en sont une belle preuve. Inspirés de l’idée d’un jeune charpentier du nom de Seth Kane Kwei, les cercueils sont figuratifs et sont conçus en différentes formes selon la personne décédée : cercueil en forme de bateau pour un pêcheur, en forme d’avion pour une voyageuse, en stylo pour un professeur…
• À Madagascar, on pratique le Famadihana, la cérémonie du retournement des morts. Cela consiste à renouveler les linceuls des défunts pour « les tenir au chaud »… Les tombes sont ouvertes, les dépouilles exhumées et posées doucement sur une natte. Après une courte danse de cérémonie, on l’enveloppe d’un nouveau suaire après y avoir glissé des présents (photos, rhum, argent, etc.). Les proches portent ensuite la dépouille au-dessus de leurs têtes, dansent autour de la tombe pour lui rendre hommage et le remettre soigneusement dans sa tombe. Certains refont ce rituel tous les sept ans.
• Aux Philippines, sur l’île de Luzon dans le petit village de Sagada, les cercueils en bois dont certains sont décorés de petites figurines à l’image du défunt sont suspendus à flanc de falaise à quelques mètres du sol. L’origine de cette pratique demeure nébuleuse. Certains disent que c’est pour permettre aux défunts de profiter du souffle du vent et de la chaleur du soleil, d’autres disent que ce serait pour éviter que les bêtes sauvages dévorent les corps.
• À Vârânasî, en Inde, on vient au bord du Gange pour y vivre la crémation d’une personne décédée sur un autel à l’air libre. Recouvert de vêtements d’apparats, le défunt est d’abord plongé dans les eaux du Gange, puis séché à l’air libre pendant que l’autel fait de bûches est aménagé. Un membre de la famille tout habillé de blanc se rase alors la tête en signe de respect. Il fait notamment le tour du bûcher où le corps a été déposé en récitant des mantras.
• Enfin, il semble aussi que, dans certaines régions rurales de la Chine, la tradition des pleureuses soit encore effective lors de cérémonies mortuaires.