Route Louis S. St-Laurent
Série Toponymie : La route Louis-S.-St-Laurent
La route 147, anciennement route 22, va de sa jonction avec la route 143, à Waterville jusqu’à Stanhope dans la municipalité de Dixville pour atteindre la frontière étatsunienne. À Compton, la route 147 prend le nom de Louis-S.-St-Laurent, premier ministre du Canada de 1948 à 1957. La route traverse, en son centre, toute la municipalité de Compton, du nord au sud, depuis les limites de Waterville jusqu’à celles de Coaticook où elle prend le nom de « rue Child ». La désignation « route Louis-S.-St-Laurent » a été officialisée le 9 novembre 20001.
Louis Stephen St-Laurent
Né à Compton le 1er février 1882 du mariage de Jean-Baptiste Moïse St-Laurent et de Mary Ann Broderick, Louis reçoit à son baptême le prénom de son grand-père paternel, Étienne St-Laurent. Mais pour Mary Ann Broderick, son fils aîné allait porter le prénom de son grand-père maternel, Stephen, venu d’Irlande. La famille St-Laurent va compter sept enfants2.
Après ses études primaires à l’école catholique du village, le jeune St-Laurent poursuit ses études classiques au Séminaire Saint-Charles-Borromée à Sherbrooke de 1896 à 1902. Il s’y distingue par ses réussites au plan académique et démontre un vif intérêt et de réelles aptitudes pour les débats. Il étudiera ensuite le droit à l’Université Laval de Québec. Sa réputation comme avocat ne saura tarder, allant jusqu’à plaider en Cour suprême et devant le Conseil privé à Londres. Même si son intérêt pour la politique n’est pas manifeste, il est remarqué pour les succès qu’il obtient dans les mandats qui lui sont confiés par les divers gouvernements. De fil en aiguille, il sera invité à faire le saut en politique.
Parmi ses réalisations comme premier ministre, nous lui devons l’entrée de Terre-Neuve dans la Confédération, les décisions de construire la Transcanadienne et la Voie Maritime du Saint-Laurent, la participation du Canada à la création de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), etc. Défait par John Diefenbaker lors des élections générales de 1957, Louis Stephen St-Laurent rentre à Québec et reprend l’exercice du droit.
« Même si j’étais bien jeune, je conserve de beaux souvenirs de mon grand-oncle Louis St-Laurent. C’était un homme bon et généreux qui, malgré ses importantes fonctions, trouvait toujours du temps pour venir à Compton visiter son frère, mon grand-père Maurice et sa sœur Lora.
Quand il venait à Compton, j’étais ébloui par les foules qui l’attendaient à la sortie de la messe le dimanche ou devant le magasin général. Ses anciens amis le saluaient et s’attroupaient autour de lui pour échanger sur différents sujets.
Par la suite, à sa retraite, il est venu plus souvent. Je me souviens qu’il aimait me raconter des histoires, qu’il aimait rire avec moi. Je ne le voyais pas comme premier ministre du Canada. Je le voyais comme le frère de mon grand-père qui était super sympathique. Je comprends aujourd’hui à quel point ce fut une chance pour moi de côtoyer cet homme politique si important, mais le garçon que j’étais à l’époque appréciait surtout ces moments tout simples que lui accordait ce grand-oncle si gentil. »
Bernard St-Laurent
Un simple, mais illustre Comptonois
Malgré ses capacités supérieures et le prestige dont il jouissait d’abord comme avocat, mais surtout comme premier ministre, Louis Stephen St-Laurent est toujours demeuré un homme simple. En visite à Compton, il retrouvait avec plaisir ses amis d’enfance, celles et ceux qu’il avait servis, derrière le comptoir du magasin général de son père. Invité lors de la bénédiction de la nouvelle église catholique en 1956, « le p’tit gars de Compton », comme il le disait lui-même, occupait le banc de la famille St-Laurent, se refusant à une quelconque place d’honneur. Le grand-père attentionné qu’était Louis St-Laurent fut vite surnommé, par la population canadienne, Uncle Louis / Oncle Louis notamment lors de la campagne électorale de 1949.
Les archives de la paroisse de Compton, celles du Séminaire de Sherbrooke et d’autres gardent en mémoire la trace de conseils juridiques judicieux qu’il a généreusement prodigués. Jouissant d’une certaine aisance financière, différents dons de sa part ont permis la réalisation de projets ou équipements collectifs dont son milieu d’origine avait besoin. C’est sans compter tous ces gestes discrets dont seules les personnes concernées pourraient témoigner.
Louis Stephen St-Laurent avait épousé Jeanne Renault en 1908, le couple a eu cinq enfants, deux garçons et trois filles. Louis Stephen St-Laurent, décédé le 25 juillet 1973 à Québec, est inhumé au cimetière Saint-Thomas-d’Aquin de Compton, aux côtés de son épouse décédée en 1966.
1 Commission de toponymie du Québec, site Internet Fiche descriptive (gouv.qc.ca) [consulté le 14 août 2021].
2 THOMSON, Dale C. Louis-St-Laurent – Canadien, Cercle du livre de France, Montréal, 1968, 571 pages.
Cet article a été honoré aux Grands Prix 2022 de l’AMECQ
2e Prix catégorie « Chronique »