Un sourire parle toutes les langues

Julie Drouin y Simon Grenier del Valle de los Grandes Huertos con Adrian, Ernesto, Hugo y Ezequiel
Julie Drouin y Simon Grenier del Valle de los Grandes Huertos con Adrian, Ernesto, Hugo y Ezequiel

Danielle Goyette

29.06.2023

On les rencontre à l’épicerie, au cœur du village, au parc ou à l’église. On échange un timide « Holà » et soudain nos visages s’illuminent d’un sourire. Le contact est fait! Chers travailleurs étrangers, vous êtes les bienvenus chez nous et mieux vous connaître nous permet de vous apprécier plus encore. Voici Ezequiel, Adrian, Hugo et Ernesto qui nous parlent d’eux, si gentiment!

Interprète pour l’entrevue : Cécile Collinge

Para la versión en español: Una sonrisa habla todos los idiomas

Ce quatuor mexicain, qui ne se connaissait pas avant de se retrouver ici, travaille aux champs de la Vallée des Grands Potagers avec les propriétaires Simon Grenier, Julie Drouin et leur fille Marianne Grenier, notamment. Ezequiel Perez Juarez, Adrian Alberto Sanchez Magaña, Hugo Fernando Raygoza Rodriguez et Ernesto Sanchez Rangel sont arrivés en avril et repartiront en octobre. Ils habitent dans la maison même des Grenier-Drouin et une bonne organisation jumelée à une bonne entente fait que la cohabitation se passe très bien autant à la maison que dans les champs, dans la bonne humeur, la complicité et… les joyeuses parties de cartes ! Adrian et Hugo sont ici pour la première fois alors qu’Ernesto et Ezequiel en sont à leur deuxième année. Puis, pour la période plus intense de la récolte des fraises, dix autres Mexicains se joindront à l’équipe de fin juin à la fin juillet. Ils sont arrivés au mois d’avril pour les sapins La sapinière et pépinière Downey à Hatley. Ce processus bien établi par l’UPA nous permet de faire un transfert de travailleurs étrangers d’une entreprise à l’autre.

Des êtres aimés laissés là-bas

Les quatre travailleurs nous parlent de leur vie au Mexique… et de celles et ceux qu’ils y ont laissés, le cœur gros, mais dans l’espoir de leur offrir une vie meilleure. Avec l’application WhatsApp, les quatre hommes peuvent aisément garder contact avec leurs proches et leur parler, tous les jours, en visuel aussi souvent qu’ils ont du temps. Tous les quatre ont dû mettre beaucoup d’effort pour laisser leurs proches au loin et venir travailler ici. À vrai dire, c’est un effort de part et d’autre de ces familles. Leur tristesse, ils nous la masquent avec un sourire.

« Je parle à ma femme deux à trois fois par jour… je mange plus rapidement le midi pour avoir plus de temps pour lui parler, je m’ennuie beaucoup d’elle », nous avoue Adrian avec un sourire teinté de tristesse. Adrian possède une maison dans la ville d’Insurgentes, dans l’état de Baja California. Quand il est au Mexique, ils voient le plus souvent possible ses trois enfants de 14, 12 et 10 ans, nés de sa précédente union.

Quant à Ezequiel, il est marié depuis 14 ans et le couple a deux filles de 13 et 7 ans et un garçon de 5 ans. « Mes parents vivent dans une petite maison sur la même terre que nous dans la ville de quelque 900 habitants de Comalteco d’Espinal dans l’état de Veracruz. Cette terre appartient à mon père. On y cultive différents fruits comme des oranges, des limes, des bananes, des goyaves et des guanabanas [des fruits épineux au goût acidulé aussi appelés corossols] », nous explique le Mexicain.

Pour Hugo, posséder sa maison est important aussi. Depuis cinq ans, il y vit en union libre avec sa compagne des dix dernières années. « Mon grand-père possède une terre de trois hectares dans la campagne de Tepic, la capitale de l’état de Nayarit. »

Ernesto, lui aussi propriétaire d’une maison, est marié depuis dix ans avec la maman de ses trois filles de 9, 7 et 6 ans. « Nous habitons non loin de la maison de mon père, dans la campagne de la ville d’Acambaro, dans l’état de Guanajuato. Sur notre terre, nous cultivons entre autres des goyaves, des bananes, des ananas et des mûres. »

Plusieurs années devant eux

Au Mexique, Ernesto est maçon, Hugo est soudeur et travaille à la culture de canne à sucre sur la terre de son grand-père, Adrian et Ezequiel travaillent à la fois comme maçons et aux champs.

Ezequiel, Hugo et Ernesto s’entendent pour dire qu’ils espèrent pouvoir revenir entre cinq à dix ans ou même quinze ans encore au Québec pour y travailler et amasser une bonne somme d’argent. Quant à Adrian, il souhaiterait plutôt se trouver rapidement un meilleur travail au Mexique. « Je m’ennuie beaucoup de ma femme et de mes proches et j’espère ne pas avoir à revenir même si je suis bien accueilli ici. »

« Moi, j’aimerais pouvoir venir encore sept à huit ans, car j’ai un plan de vie que j’aimerais accomplir au Mexique ensuite. J’ai deux terres que j’aimerais utiliser pour construire d’autres maisons ou locaux», nous dit Hugo.

Télé, jeux de cartes et organisation des tâches

Dans leurs temps libres, les quatre Mexicains regardent des films en espagnol sous-titrés en français ou en anglais et jouent aux cartes avec la famille Grenier-Drouin et ils passent du temps sur Internet et parlent avec leurs proches. « J’aime bien aussi aller jouer au basketball au Récré-O-Parc et aller faire des tours en bicyclette quand j’ai un moment », explique Hugo. Ernesto ajoute : « J’aime jouer aux cartes, aux dards et au lancer du fer. » « On profite aussi de ces temps-là pour préparer de la nourriture pour les autres jours de la semaine! » complète Adrian. Et Ezequiel ajoute: « On en profite aussi pour laver tous nos vêtements! »

« Nos patrons font en sorte qu’on se sente bien ici. Si nous avons besoin de quelque chose, ils vont nous aider à nous le procurer. Le travail se passe aussi très bien au champ, on a une bonne complicité et un bon partage des tâches », confie Ezequiel.

Ainsi, les quatre travailleurs et la famille Grenier-Drouin ont établi un programme des tâches qui leur permet de se partager la cuisine, la salle de bain et l’utilisation de la machine à laver. « En fait, ça fonctionne bien, tout le monde prend soin de bien respecter ses tâches. On a ajouté un chauffe-eau de plus pour s’assurer de ne pas manquer d’eau chaude et tout se passe bien! La communication est très bonne entre nous tous. On parle le franglaignol, un mélange de français, d’anglais, d’espagnol et de langage de gestes! Je peux vous dire qu’il y a de la vie dans notre maison et beaucoup de rires! » nous lance finalement Julie Drouin avec le sourire.

Ça manque de piquant au Québec!

Quand on leur demande à tous les quatre ce qui leur manque le plus de leur pays à part leurs familles bien sûr, c’est dans un éclat de rire qu’ils répondent en chœur : « El picante! [L’épicé] »

« Même vos piments forts ne sont pas piquants! Les piments que vous trouvez extrêmement forts le sont à peine pour nous! », ajoutent-ils.

Puis, y a-t-il quelque chose qu’ils aiment tout particulièrement au Québec? Les quatre nous répondent en riant tout autant : « La pizza! »

Et Hugo d’ajouter : « J’aime bien le froid! À comparer au Mexique, le froid et la chaleur sont différents, mais le climat ici, au Canada, est très agréable! En mai, j’ai vu un peu de neige, c’était la première fois que j’en voyais! »


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