Les Veilleux-Rouillard: Quand voisin rime avec famille

Les grandes familles de Compton
L’histoire de Compton s’entremêle à celle de la Beauce depuis le début des années 1900. Tant de familles quittaient leur foyer pour prendre racine ailleurs. De ce coin fertile, elles ont ramené leur amour de la terre et de l’agriculture. Ce qui est bien le cas de la famille Veilleux. Dans leur arbre généalogique se retrouvent de multiples branches avec chacune son propre récit. Cependant, pour cette page d’histoire, voici la généalogie comptonoise de la branche de Fernand Veilleux.
De la Beauce à Compton
En 1906, Joseph Veilleux et sa femme Victoria Quirion, quittaient leur Beauce natale à pied avec deux enfants et un peu moins d’une dizaine de vaches laitières. « Ça leur a pris trois jours depuis Saint-Georges-de-Beauce. Ils s’arrêtaient le soir et rejoignaient d’autres agriculteurs pour faire la traite des vaches. C’est ce que mon père m’a raconté. »
Ils s’installent sur une ferme du lot 12 du 4e rang du Canton de Compton. La famille grandira avec un total de neuf enfants : Dolorosa, Joseph-Évender, Médéric, Yvonne, Alexandra, Delphis, Alexandre, Alice et Roméo. Joseph Veilleux construira une érablière familiale sur ses terres qui poursuivra sa vocation sur deux autres générations.



Bien entouré
C’est le cinquième enfant, Alexandre Veilleux, qui reprend la ferme à la suite de son mariage avec Yvette Mercier en 1942. Son cadet, Roméo, habite la maison voisine de gauche, alors que son beau-frère, Victor Mercier, est son voisin de droite. Un beau voisinage qui permettra aux cousins et aux cousines de grandir ensemble. Surtout que le couple aura onze enfants en tout. « On allait tous à pied à l’école de rang Sainte-Cécile. On se faisait parfois chicaner parce qu’on jouait sur le chemin du retour. Notre terrain se rendait jusqu’à celui de l’école. Disons que les journées où j’étais absent pour « maladie », mon enseignante pouvait me voir travailler dans les champs. Ce n’était pas bien pratique! »
Les grosses familles de l’époque amenaient leurs lots de joies et de peines. Il fallait user de stratégies pour déplacer toute cette marmaille lors d’événements communautaires ou religieux. « Les premiers vendredis du mois, nous allions nous confesser à l’église. Les dimanches, j’amenais une partie de la famille à la basse messe à 8 h dans la Ford 1949 à mon père. Le reste assistait à la grande messe de 10 h. Comme il fallait acheter un banc, et que toute la famille ne rentrait pas dedans, c’était mieux de diviser la famille en deux groupes. »
Pour Alexandre Veilleux, rien n’égalait son quotidien d’homme de la campagne et de père de famille. « Mon père était un agriculteur très traditionnel. Il a fait deux termes en tant que conseiller municipal, mais ce n’était pas sa tasse de thé. Il s’obstinait trop! Sa fierté, c’était d’avoir une grosse famille. »


Prochaine génération
Au fil des années, la ferme laitière augmentera sa capacité à près d’une trentaine de têtes. Fernand Veilleux passera sa jeunesse jusqu’à ses vingt ans à aider sur la ferme. « Dans le temps, nous avions des petites vaches brunes, les Canadiennes. On en rentrait deux par stalles. Par la suite, j’ai aidé mon père à acheter de nouvelles vaches, des Holstein, en travaillant chez BF Goodrich à Waterville pendant treize ans. Là, c’était une vache par stalle! »
C’est en 1976 qu’il rachètera finalement la ferme paternelle. Il s’y installera avec sa conjointe, Ginette Rouillard, employée à la banque de Sherbrooke, puis de Waterville. Le couple aura trois enfants : Amélie, Alexandre et Jonathan Veilleux. « Puis, là, c’est Alexandre qui a repris la ferme. De son côté, Amélie est devenue enseignante au primaire à Barnston alors que Jonathan est avocat en immigration et possède son entreprise à Magog. Ils sont tous parents, donc j’ai la chance d’avoir neuf petits-enfants. »
Le couple s’implique dans leur communauté depuis toujours. Alors que Mme Rouillard a été bénévole à la bibliothèque Estelle-Bureau et s’implique encore au Comptoir familial, M. Veilleux aura investi plusieurs années de sa vie dans la politique de Compton. En effet, il sera conseiller municipal de 1986 à 1997, puis maire de 1997 à 2013. « Quand j’étais conseillé, nous avions trois municipalités; Station, Village et Canton. Canton et Village ont fusionné en 1994. J’étais maire de Compton Station à ce moment-là. À la suite d’un référendum, nous avons officiellement fusionné en 2000. Pendant un certain temps, il y avait deux maires, Eugène Naylor et moi. Aux élections suivantes, je suis devenu le seul maire jusqu’en 2013. J’ai eu la piqûre pour la politique. J’aimais vraiment travailler avec les membres du conseil municipal et aider nos concitoyens. J’ai pu y mettre plus de temps avec la vente de la ferme à mon fils aîné en 1999. »

Une ferme qui se transforme
Depuis, la ferme familiale a pris le nom de La Ferme Merveille inc. Sa production atteint alors un million de litres de lait par année avec un troupeau de 76 vaches en lactation. Toute une évolution qui lui a permis de gagner le 1er rang régional et national dans la catégorie argent du concours de l’Ordre national du mérite agricole en 2024. « C’est une ferme assez autonome. On y fait pousser du foin et du maïs pour remplir trois silos. Alexandre en prend soin et il va toujours de l’avant avec le désir de continuer de la développer. »
Une écurie s’est ajoutée à travers la vision de Mélanie Girard, la conjointe d’Alexandre, pour en faire une école d’équitation classique et western. Établi depuis 2009, ce volet équestre offre différents cours et certifications en plus de servir de pension et d’élevage de chevaux miniatures. Le couple travaille de pair dans leur domaine et continue de se développer en s’impliquant ou en élaborant de nouveaux projets. Alors que Mélanie a créé sa compagnie Savonnerie Brin de folie, Alexandre s’investit en tant que vice-président du conseil d’administration du Groupe conseil agricole de l’Estrie.
Une relève assurée
Les trois enfants d’Alexandre Veilleux et de Mélanie Girard ont bien hérité de la passion agricole familiale. Jacob, l’aîné, étudie en ce moment au CRIFA en mécanique agricole. De son côté, Lili-Rose adore les animaux et en prendre soin. Elle a participé à des expositions locales durant l’exposition de la Vallée de Coaticook et au C.I.A.R.C. (Centre d’initiative agricole de la région de Coaticook). Sa sœur, Daphnée, vise plutôt les traces de leur oncle et aimerait devenir avocate.
Cette 5e génération continue l’histoire du 4e rang du Canton qui a pris officiellement le nom de chemin Veilleux en 1981.
On se doute bien de la raison alors qu’il s’agit encore aujourd’hui d’un voisinage bien familial!

1re
génération : Joseph Veilleux et Victoria Quirion
2e génération : Alexandre Veilleux et Yvette Mercier
3e génération : Fernand Veilleux et Ginette Rouillard
4e génération : Alexandre Veilleux, Jonathan Veilleux, Amélie Veilleux
5e génération : Jacob, Lili-Rose, Daphnée, Marianne, Thomas, Annabelle, Léonie, Édouard et Adam
