Les grandes familles de Compton : les Lachance

La famille Lachance
Vincent Lachance et sa conjointe, Vicky Vallée, les grands-parents André et Jacinthe Lachance et les enfants Mathys, Zachary, Aurélie, Océanne, Emma et Flavie dans les bras de son papa. Photo: Danielle Goyette

Alors que les années passent et que les générations se succèdent, certaines valeurs se perdent alors que d’autres se transmettent. Les familles d’aujourd’hui se voient beaucoup moins nombreuses de nos jours. Pourtant, il y a encore de vaillants parents qui entreprennent cette incroyable aventure d’avoir un bon nombre d’enfants. C’est le cas de la famille Lachance. Descendants de Josaphat Lachance, nous nous sommes entretenus avec les petits-fils, Jean-Marc et André Lachance, ainsi qu’avec l’arrière-petit-fils, Vincent Lachance, pour en apprendre un peu plus sur cette descendance pour qui la famille est au cœur de tout.

Une arrivée tardive

Natif de Saint-Benoît-Labre de Beauce, Josaphat Lachance y cultivait une belle terre riche avec sa conjointe, Desneiges Veilleux et leurs enfants. Malheureusement, avec la crise économique des années 1930 et n’ayant pas encore de relève assez âgée pour l’aider à l’ouvrage, M. Lachance devra partir. En 1935, il s’installera à Saint-Côme en Beauce sur une terre beaucoup moins propice à l’agriculture. « En 1944, mon grand-père envoie mon père, Roland, qui était son aîné, travailler à Compton pour Damase Bouffard qui avait une ferme à l’emplacement de l’ancienne Auberge des Grands Jardins. Mon père en a alors profité pour y repérer les terres à vendre », décrit Jean-Marc Lachance.  

La famille, composée d’une fille et de neuf garçons, s’installera donc en 1945 sur une ferme du chemin Couture à Moe’s River. Compton offre alors plusieurs possibilités pour l’avenir des enfants, de futures conjointes et des terres intéressantes pour les jeunes agriculteurs.

maison des lachances
La maison de ferme du 101, chemin Couture vers 1945 ou la famille des grands-parents Lachance s’est installée à leur arrivée à Compton. De nos jours, cette résidence et la propriété de Maggie Gaudreau et Geneviève Bolduc. Photo: Collection privée Desneiges Veilleux – Josaphat Lachance
Une belle implication

Homme assez religieux, Josaphat Lachance s’impliquera dans divers organismes à caractères socioreligieux. Il en présidera certains, dont la Coopérative agricole, la Caisse populaire, la Coopérative des producteurs de sucre d’érable de Québec et la Mutuelle incendie. Ces fils suivront cette implication à leur manière. Alors que Roland sera conseiller municipal pour Compton Station, président à la Coopérative agricole et administrateur à la Coop fédérée à Montréal, de son côté, Yvon siègera comme conseiller municipal de Compton Canton et présidera au niveau du Club Bonne Entente, pour les Producteurs du sucre et pour le Festival du lait. Il y a aussi leur frère, Claude, qui fait partie des membres fondateurs du Club Lions de Compton où il occupera le poste de secrétaire-trésorier, en plus d’œuvrer dans le Comité des Sports et Loisirs. 

Josaphat Lachance et Desneiges Veilleux à l’occasion de leur mariage le 18 février 1925. Collection privée Desneiges Veilleux – Josaphat Lachance

« Josaphat, c’était un homme très pacifique et toujours prêt à donner un coup de main. Moi-même, j’ai siégé onze ans dans le conseil administratif de la Coopérative agricole de Compton, en plus d’être membre du Club Lions de Compton depuis vingt-deux ans. Aussi, mon fils Vincent s’implique pour l’UPA de Coaticook, pour les Producteurs de bœuf, pour la Relève agricole et pour le Comité de taxes agricoles de Compton. Je crois que l’exemple de nos parents s’est transmis, on a toujours aimé aider », confie André Lachance.

« Cette implication me permet d’aller chercher un plus pour mon entreprise, renchérit Vincent Lachance. On parle à plusieurs personnes du domaine agricole qui pensent ou qui travaillent différemment, donc cet échange peut nous aider à trouver des solutions à nos problèmes. Ça crée un réseau de contacts intéressant. On se rend compte qu’on vit des choses similaires, qu’on n’est pas seul là-dedans. »

Une génération de cultivateurs

Des dix enfants de Josaphat, plusieurs poursuivront la tradition du métier d’agriculteur, dont Guy Lachance qui exploitera une ferme du côté de Huntingville pendant plusieurs années, et Clément Lachance qui sera, quant à lui, à l’emploi des Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus sur leur ferme de Beauvoir. De son côté, Yvon, qui avait aménagé vers Coaticook, vendra finalement sa terre pour racheter la ferme familiale en 1965. Son fils René reprendra le flambeau jusqu’à ce que la grange passe au feu. Il décidera de la vendre peu de temps après. De son côté, Roland achètera une ferme d’environ cent acres sur le chemin Robert en 1948. Il épousera Rachel Audet, native de Compton, avec qui il aura huit enfants. En 1973, il achètera, avec son fils André, la terre d’Angelo Tremblay sur le chemin Hatley. Les deux fermes s’associeront pour pallier aux forces et aux faiblesses de chacune, l’une étant sur une zone inondable et l’autre plus surélevée, mais toujours à la merci de dame Nature. Le tout donne aujourd’hui un total de 535 acres, dont 215 acres de boisés. 

famille lachance; 25ieme anniversaire de mariage
Une photographie de la famille de Josaphat Lachance et Desneiges Veilleux prise lors de leur 25e anniversaire de mariage en 1950. Premièere rangée: Claude, Guy, Josaphat Lachance, Desneiges Veilleux, Laurette et Hector; Deuxième rangée: Yvon, Clément, Gilles, Patrick, Denis et Roland.
Un temps d’entraide

À l’époque, les fermes n’étaient pas autosuffisantes comme aujourd’hui et elles étaient plus petites. Les producteurs n’avaient pas les moyens d’avoir chacun tout le matériel ou toute la machinerie nécessaire. Cette réalité amenait donc une vague communautaire d’entraide et de partage entre voisins. « Les voisins faisaient régulièrement des corvées les uns chez les autres. En 1959, la grange de mon père est passée au feu et les gens du coin sont venus l’aider. Il y avait beaucoup d’entraide à l’époque. Aussi, mon père avait une moissonneuse-batteuse et proposait ses services aux agriculteurs du coin », décrit Jean-Marc Lachance.   

Une troisième génération

Avec sa conjointe Jacinthe Ouellet, André Lachance fonde à son tour une belle famille de huit enfants; Benoit, Maryse, Marc-André, Jocelyn, Marie-Hélène, Vincent, Christian et Mélanie Lachance. « Je me souviens chaque dimanche après la messe, nous allions visiter mon grand-père. Les derniers temps de sa vie, il ne sortait pratiquement plus et restait alité. Un jour, j’étais là avec ma blonde, et il demande à me voir. Il me dit : Tu sais André, la fille que tu as là, tu peux la marier, c’est une bonne fille. Je m’en souviendrai toujours, et c’est bien la fille que j’ai mariée! » raconte André Lachance.

L’aîné, Benoit, habite toujours Compton, tout comme son frère Vincent qui poursuit le travail sur la ferme paternelle. Leur frère Jocelyn, lui, a repris la ferme familiale de sa conjointe à Barnston. 

Du travail père et fils

Dans cette famille où la passion pour la production laitière se transmet d’une génération à l’autre, le travail se partage entre père et fils; Josaphat ayant aidé Yvon sur la ferme familiale puis Roland travaillant avec André sur leur exploitation laitière. En 2012, Vincent devient associé à la ferme paternelle quelques années après ses études au CRIFA et au Cégep en Gestion et exploitation en entreprise agricole. La propriété prend alors le nom de Ferme Comptal inc. Ceci permet de gérer à deux le travail sur l’exploitation laitière. En 2020, Vincent devient officiellement propriétaire, alors qu’André était déjà établi dans le village de Compton. Ce dernier vit depuis une semi-retraite tout en faisant son tour au quotidien la semaine pour offrir temps et support. « C’est un peu la même histoire qui se répète. Mon père était là pour moi, pour m’aider. Il prenait tranquillement du retrait pour me laisser aller. Quand c’était urgent ou qu’il y avait plus de travail à faire, il arrivait. Là, c’est à mon tour avec Vincent! », raconte André Lachance. 

L’évolution agricole

La ferme sur Hatley subira de nombreuses modifications au fil des années, dont l’ajout de quatre silos, l’agrandissement de la grange ainsi que plus de prairies pour le pacage des vaches taries et des taures. Passant de trente vaches à quatre-vingts, la production de lait a plus que doublé depuis 2004. La construction d’une nouvelle grange l’année dernière a permis de rapatrier toutes les taures au même endroit. De plus, la traite des vaches se fait au robot depuis décembre 2021.

Les temps changent

Alors que la relève ne se présente pas toujours et que la main-d’œuvre se fait rare, le métier d’agriculteur se transforme à son tour au fil du temps. Avec les technologies modernes et les demandes provenant de nouvelles réglementations, la paperasse s’ajoute aussi au travail manuel qui demande déjà beaucoup à nos producteurs. « Il y a tellement de suivis, de compilations et de mises à jour à faire sur divers aspects : pour être accrédité, pour se conformer au bien-être animal, pour le respect de l’environnement, etc. On comprend l’importance, mais ça demande beaucoup de temps et de patience. C’est un aspect lourd du métier de nos jours », explique Vincent Lachance.

Patrick (frère Laurent) lors de son entrée chez les Franciscains en 1955. Première rangée: Laurette, Desneiges Veilleux, Patrick (frère Laurent) et Josaphat Lachance. Deuxième rangée: Yvon, Guy, Denis, Claude, Roland, Clément, Hector et Gilles. Photographe Studios Boudrias, Sherbrooke. Collection privée, Rachel Audet – Roland Lachance.
La famille demeure

Avec tout ce que la vie apporte de haut et de bas, une chose subsiste chez les Lachance : l’importance de la famille. Alors que chaque génération a légué son lot de bambins, Vincent Lachance perpétue la tradition avec sa conjointe, Vicky Vallée, et leurs six enfants : Mathys, 12 ans, Zachary, 10 ans, Aurélie, 8 ans, Océanne, 6 ans, Emma, 4 ans, et Flavie, 15 mois. Le bonheur de la vie à la campagne se transmet à nouveau, alors que les enfants assez âgés et la conjointe de Vincent donnent aussi un coup de main sur la ferme. « Le fait d’avoir vécu dans une grosse famille, c’était une dynamique que j’aimais. J’en ai tellement de bons souvenirs. Il y avait de l’entraide et beaucoup de plaisir! », exprime Vincent Lachance.

À les voir aller, on sent bien que l’histoire des Lachance est loin d’être terminée et qu’elle continuera, sans aucun doute, à laisser sa trace dans les mémoires de Compton!

1re génération : Josaphat Lachance et Desneiges Veilleux

2e génération : Roland Lachance et Rachel Audet

3e génération : André Lachance et Jacinthe Ouellet

4e génération : Vincent Lachance et Vicky Vallée

5e génération : Mathys, Zachary, Aurélie, Océanne, Emma, et Flavie Lachance


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Jordane Masson - Journaliste

À propos de Jordane Masson

Journaliste
Native de Martinville, Jordane Masson habite à Compton depuis 2015, et elle a rejoint l’équipe de L’écho de Compton comme journaliste pigiste en 2017. En tant que journaliste pigiste, elle s’occupe de différentes chroniques comme L’écho des Petits, Compton au boulot, Je bénévole et Les Grandes Familles de Compton. Son travail lui demande donc de faire des entrevues, de prendre des photos et de rédiger des articles de différentes longueurs, selon le sujet. En plus de son travail pour L’écho, Jordane est coordonnatrice de la bibliothèque; elle participe à la gestion du milieu et à la programmation des activités, en plus d’animer certaines activités pour les jeunes.
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