Un dimanche à la campagne
Nous sommes le 16 juillet à Compton, un dimanche tranquille. Il pleut généreusement, une pluie soutenue et droite. Je regarde dehors et me dis que nous n’avions pas nécessairement besoin de toute cette eau. Nous en avons déjà eu suffisamment depuis quelques semaines. La terre est gorgée et les rivières sont déjà hautes.
Vers 11 h 30, je reçois un appel téléphonique du directeur général de la Municipalité. Il m’avise avoir reçu une communication de la ville de Coaticook à l’effet que les réserves d’eau en amont du barrage sont pleines et qu’ils vont possiblement devoir ouvrir les vannes pour relâcher de l’eau afin de diminuer les risques de débordement. Tout de suite, je pense à la mission en France à laquelle j’ai participé en mai 2022 avec la MRC de Coaticook. On avait appris à quel point la communication est importante entre les Municipalités situées le long d’un même cours d’eau. Bravo et merci à Coaticook de nous aviser!
Le directeur général ajoute que, devant le risque d’une montée soudaine de la rivière, il a enclenché les « mesures d’urgence ». En me parlant, je comprends qu’il est en route vers Compton. « Parfait. Tiens-moi au courant. », lui réponds-je.
Vers 13 h 30, une journaliste de La Tribune m’appelle et veut me rencontrer pour parler des risques d’inondation. Le rendez-vous a lieu vers 14 h 30 devant l’hôtel de ville. Après l’entrevue, j’entre à l’hôtel de ville pour voir si le directeur est encore sur place.
À l’entrée, je rencontre la réceptionniste et la préposée aux comptes, toutes deux affairées à leur poste de travail. Un peu plus loin, j’arrive à la salle des comités. Toute l’équipe administrative est déjà sur place autour de la table devant leur ordinateur. Sur les murs, des cartes routières, des photographies du territoire et, à l’écran, le défilement des cellules orageuses sur le radar météo. Dans le coin de la salle, une table déploie un assortiment de breuvages et de grignotines. Tout le monde est concentré et calme. Le directeur m’accueille amicalement et souriant.
J’observe silencieusement la scène, tout en essayant de me convaincre qu’on est dimanche. Le seul indice qui me l’indique tient du fait que les employés ne sont pas habillés comme d’habitude.
Le directeur m’explique alors les procédures qu’il a déployées à titre de coordonnateur municipal de sécurité civile. Ce que j’ai devant les yeux se nomme « L’Organisation municipale de sécurité civile de la Municipalité de Compton ». Chaque membre a un rôle à jouer et une liste de tâches à accomplir. On parle ici de « Missions » : Support logistique, Incendies et sauvetage, Protection des biens, Communications, Services techniques et travaux publics, Services aux personnes sinistrées.
Après m’avoir résumé le fonctionnement de l’organisation, il dresse un état de la situation sur le territoire. Pour l’instant, une seule résidence a été évacuée près de la rivière Moe, le chemin Drouin est envahi par la rivière Coaticook et une portion du chemin Cookshire est carrossable sur une seule voie. Le niveau des rivières a monté rapidement et on surveille la situation de près. L’équipe de voirie patrouille les secteurs vulnérables et les pompiers sont sur un pied d’alerte pour déployer les procédures de sauvetage si nécessaire. L’organisation de sécurité civile est prête à ouvrir un centre d’hébergement aux personnes sinistrées si les rivières continuent de monter et qu’il faille évacuer davantage de résidences.
L’après-midi s’écoule et, vers 17 h, constatant que la situation s’est stabilisée, le directeur suspend les opérations d’urgence, permettant aux employés de retourner chez eux. Les équipes sur le terrain continueront de patrouiller jusqu’en soirée et demeureront vigilantes toute la nuit. Le lendemain matin, les Chemins de la Station et de Hatley seront inondés, nécessitant une fermeture temporaire. Finalement, aucune autre évacuation de résidence n’aura été nécessaire. Bonne nouvelle!
En rétrospective, il sera tombé plus de 70 mm de pluie ce dimanche-là. Le niveau des rivières aura atteint son maximum le lundi vers midi. Des dégâts seront observés sur des ponceaux, des accotements de route et quelques chemins. On estime que les réparations coûteront à la municipalité autour de 20 000 $.
Au-delà de ces considérations monétaires, je retiens de cet évènement que si la situation s’était aggravée, si des secteurs avaient dû être évacués, s’il avait fallu secourir des personnes en danger, Compton était prêt.
Je tenais à raconter cet évènement pour deux raisons. La première, pour féliciter et pour remercier l’équipe municipale pour leur professionnalisme et leur engagement envers la communauté qu’ils servent. Même si c’était dimanche, tout le monde était en poste. Tout le monde a mis de côté ce qu’ils étaient en train de faire et s’est déplacé à Compton pour être prêt à agir. Tout ça en moins de 90 minutes. Chapeau à toute l’équipe! La deuxième raison, c’est pour que la communauté de Compton puisse savoir tous les efforts qui sont déployés en prévention et en préparation à répondre aux sinistres. Ces efforts se déploient très souvent à l’abri des regards des citoyens, mais n’en sont pas moins importants.
Les dimanches à la campagne ne sont pas tous pareils et celui-ci m’aura particulièrement ému!