Samanta Goulet — Peau de loup
Dans ma maison de papier, il n’y a qu’une pièce avec une chaise au centre. Il n’y a plus de fenêtres, je les ai déchirées, fatiguée de voir le monde. Les murs blancs jaunissent avec les mois qui passent. Rien de plus.
Quatre murs, une chaise et une fille à peau de loup. Peau de loup solitaire. Peau de loup irritée. Peau de loup triste, aussi, souvent. Le décompte est bon. Rien de plus.
Un soir, alors que la lune avait cessé de répondre à toutes mes questions, alors que je me sentais de trop dans ma peau de loup, un bruissement caressa les murs. Un petit frisson de papier glissa dans ma maison et se frotta sur le bout de mon nez.
Ma peau de loup glapit. La lune et les étoiles se glissèrent sous la porte. Elles se mirent à danser sur mon plafond pâle. Les murs se crayonnèrent. Un à un, mes vieux sourires se dessinèrent et ceux de ma sœur, de ma mère, de mon père et de petite mamy. Les rires de mes amis, de mes voisins, de la gentille dame croisée à l’épicerie et même les miens chatouillèrent les lattes de papier sous mes pieds.
Dans ma maison de papier, il n’y a qu’une pièce avec sur la chaise au centre, une peau de loup heureuse. Je n’ai pas besoin de fenêtres parce que le bonheur se trouve ici, à l’intérieur. Les murs ne cessent de se colorer et je danse avec les étoiles, le soleil, la lune et même la pluie.
Dans ma maison de papier, c’est la fête et dans mon cœur aussi.
Un poème de Samanta Goulet, 24 ans