Une famille d’accueil au grand cœur

dessin enfants famille

Danielle Goyette

Rédactrice en chef et journaliste
05.05.2022

Jessica Yung et Richard Vachon forment une famille unie avec leurs deux enfants Miloche, dix ans et Moïra, deux ans. Comme ils espéraient avoir une famille plus grande, ils ont étudié différentes avenues. Ils ont finalement décidé de devenir famille d’accueil et, depuis, ils ont déjà accueilli trois enfants. Ils partagent avec nous cette expérience humaine fort enrichissante.

Leur type de famille d’accueil est qualifié de « ressource de type familial » qui se distingue de l’adoption. L’enfant est placé de façon temporaire, c’est la cour qui détermine le temps que passera l’enfant en famille d’accueil selon sa situation familiale. Selon le cas, il peut y avoir des visites supervisées avec les parents biologiques. « On découvre au fur et à mesure de nos expériences, ce que c’est et comment le vivre. On est appuyé par des intervenants qui nous guident selon un plan d’intervention propre à chaque enfant. »

Et l’enfant de son côté

L’enfant qui arrive en famille d’accueil est-il au courant de la situation? Qu’est-ce qui lui est dit? Jessica nous répond à ce sujet. « C’est d’abord le travailleur social qui lui parle et lui explique la situation. On ne doit pas s’ingérer dans sa situation familiale, mais plutôt être là pour lui assurer un cocon agréable où vivre ce moment. Notre rôle est de lui offrir un environnement sain, sécuritaire et confortable dans un milieu familial heureux où il y a des routines rassurantes, des habitudes, des jeux, des interactions positives et constructives, une participation à la vie familiale. Et surtout, on leur permet de redevenir des enfants, de ne pas être les parents de leurs parents… » Richard ajoute : « Nous n’avons pas de rôles d’intervention à faire. Nous nous limitons à notre rôle de famille d’accueil. L’intervenant est assez explicite avec l’enfant de ce qui lui arrive, mais il tient compte aussi de son niveau d’expérience de vie en fonction de son âge. »

Le choix des familles d’accueil

Les familles d’accueil font part au CIUSSS des catégories d’âges qu’ils désirent privilégier. « Nous tenions à ce que Miloche demeure le plus vieux des enfants à la maison, pour qu’on ne se retrouve pas avec des conflits d’autorité entre les enfants. Nous ne voulions pas non plus un bébé, car nous en avons un déjà, » ajoute Jessica. « Les enfants arrivent avec leurs bagages, leurs blessures, leurs tracas, l’important c’est qu’il faut pouvoir bien les recevoir et les accompagner le temps qu’ils sont avec nous, » complète Richard. 

Richard Vachon
Richard Vachon et Jessica Yung
Pourquoi devient-on famille d’accueil?

Jessica nous confie qu’elle a toujours espéré avoir plusieurs enfants, mais la vie en a décidé autrement. Quand ils ont parlé d’agrandir la famille, l’adoption leur semblait plus complexe et le principe de la famille d’accueil leur apparaissait une bonne façon d’aider un enfant dans son cheminement. « On s’est dit qu’il y avait de la place pour un autre enfant avec nous, entre les deux enfants et d’agrandir un peu la famille ainsi. » Richard continue : « Quand on reçoit un enfant, même s’il n’est pas adopté, on le considère quand même comme s’il faisait partie de la famille, le temps qu’il est avec nous. C’est quand même un niveau d’engagement important, mais qui est autre que l’adoption. » 

Une bonne dynamique à la maison

Jessica et Richard s’entendent pour dire que cela prend beaucoup de flexibilité pour être famille d’accueil. Lorsqu’on les appelle pour accueillir un jeune, ça se passe souvent très rapidement. Ensuite, toute la famille doit s’adapter au nouveau venu. Jessica est heureuse de regarder aller Miloche dans ces nouvelles situations. « Je suis pas mal fière de lui, il s’adapte bien. On lui avait présenté cela de façon positive par le fait qu’il aurait maintenant un ami avec qui jouer à la maison, car Moïra est encore très jeune. Au début, il est toujours très emballé et ouvert à la venue d’un nouvel enfant. » Richard ajoute : « Ce sont des enfants! On a tous connu cela, on arrive dans un party de famille, les jeunes ne connaissent pas tous les autres et c’n’est pas long qu’ils jouent ensemble. C’est un peu comme ça. Quand le nouvel enfant arrive, Miloche lui propose des jeux et ils partagent ainsi des moments ensemble assez rapidement. Ils se découvrent aussi. Parfois, il peut y avoir des difficultés en fonction du caractère des enfants, mais on s’ajuste. Notre fils a un esprit très compétitif et il est important pour lui de demeurer l’aîné. L’autre enfant arrive aussi avec un passé qui peut être difficile. Alors, parfois, on doit créer des bulles où chacun se retrouve sur son étage pour s’apaiser un peu. Puis, ils finissent par se retrouver ensemble ensuite. Au départ, Miloche avait été un peu réfractaire à l’idée d’agrandir la famille, il avait quand même été enfant unique pendant plusieurs années, puis on s’est dit qu’il était trop petit pour comprendre, qu’il vivrait la situation à mesure qu’on la vivrait nous-même. Et c’est ce qui s’est passé. Il y contribue vraiment à sa façon et il développe en plus des aptitudes de partage et d’écoute. Du côté de Moïra, c’est encore très facile, elle est toute jeune et elle est simplement ouverte à s’amuser avec le nouveau jeune. » 

Les adieux

Lorsqu’un enfant quitte sa famille d’accueil pour retourner chez lui, il peut arriver que la famille ressente un soulagement, car certains cas peuvent être plus lourds que d’autres. En contrepartie, la famille peut aussi s’attacher à ce jeune et le voir partir peut être difficile. « C’est aussi une question de temps, nous explique Richard. Une relation courte va créer moins d’attachement. Mais plus on passe du temps de qualité avec l’enfant, plus on finit par s’attacher qu’on le veuille ou non. On est bien conscients que les jeunes qu’on nous confie partiront un jour. On comprend bien la chose. Mais les départs sont plus difficiles à vivre sachant qu’on ne les reverra plus. Ce qu’on vit avec eux est d’une grande richesse et une extraordinaire expérience pour toute la famille et ça nous fait tous grandir. Je pense qu’on joue ainsi le rôle principal pour lequel nous sommes faits, être des parents, et tant mieux si, par des gestes simples, on peut aider des enfants à mieux vivre leur enfance et contribuer à améliorer le cours de leur vie. » 

Qui peut être famille d’accueil?

Toute personne, peu importe son état civil, sa religion, son orientation sexuelle ou sa nationalité peut devenir une famille d’accueil. Nul besoin d’avoir étudié dans le domaine de la santé et des services sociaux ou d’avoir un emploi s’y rattachant. La personne peut travailler à l’extérieur de la maison. Toutefois, la personne doit démontrer un désir de s’investir dans la cause des jeunes en difficulté. Elle doit aussi posséder des valeurs telles que l’engagement, l’ouverture, la compassion, la compréhension et l’acceptation ainsi que certaines habiletés et compétences parentales.

Une famille d’accueil est une personne seule, un couple ou une famille qui accueille dans sa résidence principale un ou des enfants ou adolescents en difficulté. La famille d’accueil offre à ces jeunes des conditions de vie favorisant une relation de type parental dans un contexte familial. Ces adultes contribuent au bien-être et au développement physique, mental et affectif de ces jeunes en sachant prendre soin d’eux, les écouter, les soutenir et les aimer. Dans des conditions gagnantes, chaque jeune peut s’épanouir et développer son potentiel. Une famille d’accueil peut accueillir d’un à neuf jeunes qui lui sont confiés par un établissement public.

Pour plus d’informations : https://www.quebec.ca/famille-et-soutien-aux-personnes/enfance/famille-accueil/devenir-une-famille-daccueil



Danielle Goyette, écho notre équipe

Biographie de Danielle Goyette

Rédactrice en chef et journaliste
Bachelière en Études françaises, option Rédaction-Recherche, en 1981, avec un certificat en Publicité à l’Université de Montréal en 1988, Danielle a travaillé comme conceptrice-rédactrice publicitaire et réalisatrice pour Télémédia Communications pour se consacrer ensuite au journalisme à la pige. Elle a été honorée à quelques reprises pour ses textes. En parallèle de son métier de journaliste, elle a publié 22 livres, accordé de nombreuses entrevues aux médias et offert des animations dans les écoles pendant plusieurs années. Elle a commencé à réviser L’écho de Compton en 2014 et en est devenue la rédactrice en chef en 2018.
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