Le partage à travers l’art

Bernard Paquet en compagnie de ses amis inuits Michael et Sean devant une murale qu’il a faite d'après un dessin d'une scène traditionnelle de chasse d’un artiste inuit.

Jordane Masson

28.04.2021

Par Jordane Masson

Originaire de Québec, dans le quartier Saint-Sauveur, Bernard Paquet se joint à la communauté comptonoise en 2001. Avec sa conjointe, Nathalie Caron, enseignante à l’école des Enfants-de-la-Terre et spécialisée en arts et en théâtre, ils ont deux enfants, Casimir, 24 ans, et Colombine, 22 ans. Ayant beaucoup d’expériences dans le milieu artistique, principalement en sculpture, M. Paquet a laissé sa trace à divers endroits au Québec, même jusqu’au Nunavik.   

Parlez-nous de votre parcours

Je suis diplômé en arts de l’Université Laval à Québec. J’ai débuté comme peintre et copiste, ce qui m’a amené un certain succès au départ. Cependant, à un moment donné, je me suis mis à douter de ce que je faisais. Comme le milieu des arts demeurait celui qui me convenait le plus, je suis passé d’artiste à technicien. J’ai travaillé pour la galerie d’art L’Œil de Poisson à Québec où j’aidais les artistes dans leurs réalisations. C’est là que j’ai commencé à faire des projets d’intégration, surtout dans le travail du métal, métier que j’ai poursuivi en arrivant à Compton.

Qu’est-ce qu’un projet d’intégration?

Au Québec, il y a une mesure gouvernementale qui demande de réserver environ 1 % du budget de construction des bâtiments publics à la réalisation d’une œuvre d’art spécialement conçue pour la nouvelle bâtisse. De mon côté, j’aidais les artistes à préparer leur présentation pour proposer leur œuvre, puis je pouvais aider à la réalisation. Pendant vingt-cinq ans, j’ai surtout travaillé avec l’artiste Michel Saulnier, entre autres pour la sculpture de l’ours érigé sur le ballon que l’on retrouve devant le Centre hospitalier universitaire de McGill à Montréal. 

Qu’est-ce qui s’en vient pour vous?

Les choses ont changé pour moi ces dernières années, en plus de l’impact de la COVID. J’ai dû bifurquer. Depuis quelques mois, je travaille pour Étienne Leblanc dans son ébénisterie spécialisée en fabrication sur mesures d’armoires, de meubles et d’aménagements commerciaux. Cependant, j’ai gardé un projet qui me tient à cœur. Il y a quelques années, le Conseil des arts et des lettres du Québec m’a permis de collaborer dans des projets d’intégration avec des artistes inuits. Depuis, j’ai participé à la création de six sculptures au Nunavik. Ce fut une expérience forte et une grande fierté pour moi. Là, on m’a approché pour un nouveau projet que je n’ai pas pu refuser.

En quoi consiste ce nouveau projet? 

D’ici à l’automne, je vais me rendre trois fois à Aupaluk, le plus petit village du Nunavik, pour travailler avec trois artistes différents. Mes séjours vont différer, passant de cinq jours, à neuf jours, puis à deux semaines consécutives. Le projet est pour une sorte de petit CLSC. Ce qui me plaît, c’est que je vais surtout faire du soutien. Les artistes vont me dire ce qu’ils veulent faire, et je vais les guider là-dedans, comme dans les matériaux à utiliser. On va vraiment discuter ensemble en personne, puis avec des ZOOM à distance. Je suis extrêmement excité!

Qu’est-ce que vous plaît dans le travail avec les Inuits?

Dans l’ère actuelle, il n’y a aucune route qui se rend jusqu’à eux, il faut prendre l’avion. Ça fait qu’ils sont « ailleurs » dans leur tête comme dans leur territoire. Le rythme auquel ils évoluent dans la vie me convient. J’aime l’attitude qu’ils ont par rapport à ce qu’on appelle le « beau ». Ce ne sont pas des gens têtus ou critiques. Ils sont facilement heureux de ce qu’on peut faire ensemble. Quand on les respecte, c’est incroyable le retour qu’on a de leur part. Aussi, je dirais qu’ils ont des âmes d’artistes. C’est tellement intéressant la façon dont ils travaillent. Ils font des expériences de pensées, un peu comme Einstein le faisait. Ils regardent le plafond puis, à un moment donné, ils ont une idée et là ils vont la faire. Il n’y a pas de croquis de conçu avant. En sculpture, ils vont voir ce qu’ils veulent faire dans la roche, ils enlèvent ce qui n’en fait partie et, au bout du compte, ils obtiennent ce qu’ils avaient dans leur tête auparavant. Je les admire beaucoup. J’ai très hâte de me plonger dans ce projet avec eux!

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