Du Niger à Compton

Ali et Yanick chez Wood | Photo: Jordane Masson

Les nouveaux visages des Terrasses Wood

Depuis l’automne dernier, peut-être avez-vous remarqué deux nouveaux employés dans les cuisines des Terrasses Wood? Venus tous les deux d’Afrique de l’Ouest, mais de pays différents, Ali Boubacar Morou et Yanick Atsu offrent leurs plus beaux sourires aux clients et leur enthousiasme comme aides-cuisiniers. Ils partagent avec nous quelques informations sur leurs pays, leur arrivée au Québec et leur vision de l’avenir.

Ali Boubacar Morou

Le drapeau du Niger

Avec sa superficie de 1 267 000 km², recouverte à 80 % par les sables du Sahara, le Niger déploie principalement un paysage désertique. Traversé par le fleuve Niger, ce pays ne touche aucun océan. On y produit principalement de l’uranium, du pétrole et aussi un peu d’or. C’est dans sa capitale, Niamey, qu’Ali Boubacar Morou a grandi alors qu’il est né à Aguie.

« J’ai fait des études en comptabilité et en gestion d’entreprise. J’ai aussi un permis pour conduire les camions poids lourds. Avant de venir au Québec, j’ai travaillé dans une entreprise où on fait des plaques pour les voitures, puis j’ai suivi une formation pour travailler en restauration. À travers tout cela, j’entendais beaucoup parler du Canada en tant que pays d’avenir, un pays où les gens sont égaux et accueillis, où la divergence raciale n’a pas d’importance. C’est ce qui m’a poussé à immigrer au Québec. Aussi, j’ai un parrain, ami de ma famille, qui vit à Sherbrooke depuis douze ans avec sa femme et ses deux garçons. Il me parlait de sa vie au Québec, comment les gens se respectent et comment il est bien ici. Je lui ai donc parlé de mes intentions, et il m’a aidé à trouver du travail aux Terrasses Wood 2.0. »

Ainsi, alors qu’il n’avait jamais quitté son pays, sauf pour visiter le Bénin, pays voisin du Niger, M. Boubacar Morou a fait ce choix difficile de partir loin de son pays et de sa famille. « Mes parents, ma sœur et mes frères demeurent toujours au Niger, mais on se parle régulièrement sur WhatsApp pour garder un bon contact. Ma mère est secrétaire pour une entreprise de transport appartenant à une société d’État. Mon père est un opérateur économique. Il fournit des marchés publics à l’État. »

Ali, son frère Abdrahamane, et deux amis. Photo | collection personnelle

Amitié et travail

Arrivé en octobre 2023, il emménage avec Yanick Atsu dans un des logements de Michel Jodoin. Les deux hommes se lient rapidement d’amitié. « On ne se connaissait pas avant. On a embarqué dans le projet ensemble. Avec lui, je vis très bien. On est devenu comme des frères. On est toujours ensemble et on aime bien se taquiner. »

En plus de vivre dans le même logement, les deux nouveaux amis occupent le poste d’aide-cuisinier aux Terrasses Wood. Ce travail leur permet de rencontrer de nouvelles personnes et de faire partie d’une équipe. « Notre chef, Amanda Clément, est très sociable. Il faut être sociable dans la vie pour pouvoir bien vivre avec les gens et arriver à se comprendre. Chaque personne a sa manière de vivre. On n’a pas tous eu la même éducation ni la même culture, donc il y a toujours un moment d’adaptation. Ensuite, dès que l’on comprend ce que l’autre aime ou n’aime pas, tout se passe bien. De mon côté, j’aime le travail d’équipe où il y a de l’entraide. On se montre les choses pour s’aider à s’améliorer. On travaille à plusieurs, donc on se complète. »

La cuisine d’ici et d’ailleurs

Alors que la spécialité du Wood demeure sa fameuse poutine, ce repas s’avère étonnamment familier pour M. Boubacar Morou. « Dans mon pays, on produit beaucoup de pommes de terre et d’oignons, donc on cuisine des plats avec du fromage et des frites comme au Québec. On y mange aussi une sorte de poutine, mais on n’a pas la même sauce. » 

Même s’il produit une belle variété d’arbres fruitiers comme les manguiers, les citronniers, les dattiers et les pommiers, le Niger n’a pas une agriculture rentable. En effet, les pluies n’y sont pas assez fréquentes. Le pays se tourne donc sur la consommation de viande. « Dans mon pays, les spécialités culinaires contiennent surtout de la viande comme le bœuf, la brebis, le chameau, la chèvre et le poulet. Comme c’est un pays très ensoleillé, on a la place pour faire des barbecues, surtout au bord du fleuve avec la famille et les amis. »

Quelques fêtes du pays

Étant un pays principalement musulman, les fêtes religieuses y occupent une place importante. « Je fais le Ramadan, alors je ne peux ni boire ni manger de l’aube au coucher du soleil pendant un mois. La date de début change chaque année, car elle se base sur le neuvième mois du calendrier de l’hégire qui ne comporte que 354 ou 355 jours par an. Elle se base aussi sur l’observation de la lune. Deux mois après, il y a le Tabaski ou Fête du mouton, où on prépare beaucoup de viandes pour partager avec la famille, les amis et les personnes démunies. Il y a une grande distribution dans le pays pour qu’à cette journée, tout le monde mange à sa faim. »

Photo: Hai Nguye Tien, Pixabay

Une autre journée importante fait écho à la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars. Au Niger, le 13 mai se tient la Journée nationale de la Femme nigérienne. Cette date permet de rappeler la marche historique du 13 mai 1991 par les femmes nigériennes. Celles-ci réclamaient une plus grande représentativité au sein de la Commission préparatoire de la Conférence nationale souveraine tenue du 29 juillet au 3 novembre 1991. « À chaque 13 mai, il y a toutes sortes d’activités organisées. Les femmes confectionnent et portent des tenus similaires. Elles peuvent aussi se reposer et, pour toute la journée, ce sont les hommes qui s’occupent d’elles et leur font un repas spécial. »

Et pour l’avenir?

M. Boubacar Morou a présentement un contrat de deux ans pour travailler au Terrasses Wood. Après ce contrat, différentes possibilités s’offriront à lui. Malgré la distance et les différences, M, Boubacar Morou a adopté notre coin de pays et apprécie son expérience jusqu’à maintenant. « J’aime voyager. Pour l’instant, je suis allé à Montréal et à Sherbrooke. J’ai tout aimé et je me suis senti bien accueilli. J’aime vraiment beaucoup ce pays. Si possible, j’aimerais y faire toute ma vie, que ce soit à Compton ou ailleurs au Québec. »

Le français est la langue officielle du Niger, mais on y trouve plus de 11 langues nationales. 

Le haoussa est la langue la plus parlée.

Allô!Barka!
Comment vous appelez-vous?Yaya sunanka?
Je ne comprends pas.Ban gane ba.
Excusez-moi.Yi hakuri.
Je ne sais pas.Ban sani ba.
Puis-je vous aider?Me kake bukata ne?
Qu’est-ce que c’est?Mene ne wannan?
Bonne chance!Allah bada sa’a!


Jordane Masson - Journaliste

Biographie de Jordane Masson

Journaliste
Native de Martinville, Jordane Masson habite à Compton depuis 2015, et elle a rejoint l’équipe de L’écho de Compton comme journaliste pigiste en 2017. En tant que journaliste pigiste, elle s’occupe de différentes chroniques comme L’écho des Petits, Compton au boulot, Je bénévole et Les Grandes Familles de Compton. Son travail lui demande donc de faire des entrevues, de prendre des photos et de rédiger des articles de différentes longueurs, selon le sujet. En plus de son travail pour L’écho, Jordane est coordonnatrice de la bibliothèque; elle participe à la gestion du milieu et à la programmation des activités, en plus d’animer certaines activités pour les jeunes.
Vous avez aimé cet article? Partagez-le!

S'abonner à l'infolettre?
C’est simple.

Sélectionnez vos champs d'intérêts

Recevez les actualités par courriel!

Je veux m’abonner