Une belle vie d’autiste

Maude Zulauff et son frère Jean-Louis

Maude Zulauff

20.12.2019

Par Maude Zulauff

Texte finaliste dans la catégorie Billet aux Grands Prix du journalisme de L’AMECQ en 2020

Récemment, le public québécois a reçu un cadeau : l’émission Autiste bientôt majeur qu’on a pu visionner sur la chaîne Moi et Cie. La série met en vedette des jeunes vivant avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA), avec, entre autres, l’animateur Charles Lafortune et son jeune Mathis, dix-sept ans. Plusieurs thèmes sont touchés dans cette réalisation, comme la vie de famille, les amitiés, l’autonomie et l’intégration au marché du travail. Chez Netflix, on retrouve la série Atypical qui raconte l’histoire d’un adolescent Asperger qui, comme bien des ados, se cherche une copine et doit faire face au chapitre exaltant et parfois effrayant du secondaire. Grâce à ces émissions, on découvre le merveilleux monde de l’autisme. Oui, oui! Merveilleux! Les hauts et les bas, les rires et les pleurs, tout ce qui fait de notre vie un vrai bonheur. Parce qu’effectivement, la différence nous rend plus riches. Personnellement, côtoyer la différence chaque jour me rend une personne plus accomplie et plus fière. Je vous offre alors, chers lecteurs et lectrices, ma version d’une télé-réalité qui est « notre » réalité.

Cela va bientôt faire vingt ans pour moi que j’ai la chance de connaître le plus extraordinaire des frères, Jean-Louis, qui est autiste. Vingt ans que je passe du rôle de la petite sœur à celle de la grande sœur. Ça n’a pas toujours été rose, mais peu importe, Jean-Louis, ou Luigi pour les intimes, est le frère que tout le monde devrait avoir.

Luigi aime beaucoup faire des blagues et il a un excellent sens de l’humour!

Ce cher Luigi, il est avant tout un vrai sac à blagues. Si vous avez le bonheur de le croiser sur votre chemin, il vous contera la dernière blague qu’il a entendue dans l’émission Les Simpsons ou encore une de son propre répertoire. Son rêve le plus fou? Probablement graduer à l’école de l’humour! Cette passion pour la comédie se fait autant ressentir lorsque qu’il nous faire rire sur l’heure du souper que lorsqu’il a l’honneur d’être sur une scène. « Je ne suis pas athée, mais plus à café », c’est le genre de phrases qu’on entend par chez nous, tous les jours. Lorsqu’on se chicane sur des problèmes de vie, mon frère, lui, renverse la situation pour la rendre humoristique et nous fait réaliser qu’au fond, on perd notre énergie à s’en faire trop pour des détails qui ont l’importance d’un grain de sable.

Dans le monde de Luigi, on retrouve également les jeux vidéo. Admirateur de Sonic depuis son enfance, il connaît aussi tout de Mario et Luigi Bros. C’est de là qu’il détient son look de la moustache et le surnom qui lui va tout aussi bien. De mon côté, je vais toujours me rappeler des après-midi entiers à jouer aux Pokémons sur la Nintendo 64 lorsqu’on étaient gamins.

Ce que j’admire le plus chez mon frère, c’est son dévouement envers sa communauté et son autonomie. Il y a cinq ans, Jean-Louis atteint les fameux vingt et un ans, l’âge auquel les jeunes autistes ne sont plus pris en charge par un établissement scolaire, d’où le casse-tête pour les parents de trouver comment occuper leurs journées. Malgré la peur de l’inconnu, la Coop de Compton a fait preuve d’ouverture en l’intégrant dans son équipe. Depuis, Jean-Louis accueille et rend service à la clientèle, s’épanouissant de jour en jour. Il saura, entre autres, bien vous renseigner sur les nouveaux arrivages et vous aider à trouver tout le matériel nécessaire. Puis, le vendredi soir, après une bonne semaine de travail, il se repose dans son petit chez-soi aux habitations Hestia de Coaticook. Pour nous, en tant que famille, c’est un grand accomplissement de le voir, pas à pas, s’intégrer dans la vie sociale et faire face au changement surtout. J’ai le grand sourire quand je le vois choisir attentivement sa marque spécifique de jambon à l’épicerie et se diriger seul à la caisse. Ça me fait chaud au cœur aussi de le voir découvrir le monde artistique en faisant du bénévolat au Pavillon des Arts de Coaticook. Ce n’est quand même pas rien avoir un selfie avec Dan Bigras ou encore échanger avec Émile Bilodeau!

Pendant longtemps, mes parents et moi vivions avec des craintes. Mais lorsqu’on voit la vie au travers de ses lunettes, on se rend compte que notre Luigi est bien équipé pour faire face à l’avenir. Car, comme le disait John Lennon, ce n’est pas ce qu’on fait ou ce qu’on possède qui compte, mais bien d’être heureux.

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