La douceur des constellations
Quand la grande ville emplissait trop ma tête, quand mes idées filaient en lignes de métro sur l’heure de pointe et que mes tympans étaient trop essoufflés d’entendre, j’allais me réfugier dans mon petit coin de pays. J’allais me terrer dans mon Compton.
En chemin vers la maison familiale, je croisais les champs qui bordent la 147, la Pommalbonne, le Gros Pierre, l’hôtel de ville, l’épicerie, la petite école (qui n’est plus si petite) et un sentiment de liberté m’envahissait.
J’étais chez moi, enfin chez moi!
Une vieille mousse mémoire et une couverture plus tard, je m’étendais sous les étoiles. La Voie lactée se livrait à moi dans toute sa splendeur et moi, je m’abandonnais à son charme. Toutes inquiétudes, qui avaient fait le chemin du retour avec moi, s’envolaient désormais. Je ne faisais plus qu’un avec les criquets dansant dans les herbes hautes, avec la rosée et même les coyotes chantant au loin.
Les yeux rivés au ciel, je murmurais aux constellations mes vœux les plus chers. Et, je savais que peu importe la distance qui nous séparait, elles les recueilleraient au creux de leurs bras dorés. Je pouvais fermer les yeux et laisser le chant de la nature me bercer jusqu’au sommeil, sachant que mes rêves scintillaient avec les astres. Je les ramasserais au petit matin, prête à repartir affronter le monde, ressourcée, la tête pleine de forêt et de lucioles.
Une nuit de plus, Compton m’offrait la paix et le réconfort que nul autre endroit ne savait offrir. Sachant que je repartirais en petite nomade, Compton était prêt à attendre mon prochain retour pour me serrer dans ses bras de campagne, une autre nuit.
Encore aujourd’hui, chaque fois que j’y reviens, j’y retrouve la même douceur des constellations.
Samanta Goulet
