Une vie de neige et d’écharpe

Quelle belle neige nous avons eue en janvier! En espérant que cela se poursuive, toute cette poudrerie féerique pourra se transformer en château fort, en tunnel ou en fameux bonhomme de neige. Passe-temps ou chef-d’œuvre artistique, les bonshommes de neige égaient nos cours d’année en année, mais d’où viennent ces blancs personnages? Allant directement à la source, voici une entrevue avec Benjamin, un bonhomme de neige natif de Compton.
Parlez-nous de votre parcours.
Comme tout bonhomme de neige qui se respecte, mon existence a débuté dans un simple nuage. Il suffit d’un peu de poussière, de vapeur d’eau et d’une température sous le 0°C pour que des cristaux s’y forment. Lorsque les cristaux deviennent trop lourds, ils tombent du ciel et s’accrochent les uns aux autres pour devenir des flocons de neige. Quel beau voyage ce fut! Rendue au sol, si la température n’est pas trop froide, la neige devient collante, et plusieurs s’amusent à former différentes choses, comme des boules de neige. Après quelques roulements dans la neige, un peu de persévérance et de créativité, il ne suffit alors que de deux ou trois boules empilées les unes par-dessus les autres. Mon créateur a été bien inspiré lorsqu’il m’a construit, j’ai eu droit à un chapeau, une écharpe, des bras en brindilles de noisetier, des yeux et une bouche en cailloux, puis une belle carotte pour mon nez! Je suis comblé!
D’où vient cette tradition du bonhomme de neige?
On fait mention de mes ancêtres dans des écrits datant du Moyen-Âge, alors les gens construisent des bonshommes de neige depuis des siècles! Il faut dire qu’à l’époque, les gens craignaient l’hiver. Ils n’avaient pas de chauffage ni d’électricité comme aujourd’hui, alors le froid et la noirceur sur une longue période étaient très durs pour eux. Ainsi, construire un bonhomme de neige se voyait comme un moment de plaisir et devenait un symbole d’espoir pour l’arrivée du printemps. Parfois, il représentait plutôt la dureté de l’hiver. Dans un recueil de comptines allemandes datant de 1770, mes ancêtres sont représentés comme des figures menaçantes, quelle tristesse! Heureusement, à partir du XIXe siècle, les vacances et les plaisirs d’hiver prennent de l’ampleur. Les bonshommes de neige deviennent alors un signe de joie durant la période des Fêtes, apportant sourires et divertissements aux enfants. Quel beau rôle!
Êtes-vous semblables dans les différents pays?
Chaque pays a su personnifier ses bonshommes de neige. En France, ils nous confectionnent plutôt avec deux boules, alors que l’Allemagne en utilise trois. Au Japon, le chapeau est remplacé par un seau. Là-bas, mes cousins se nomment « Yuki Daruma » et sont fortement reliés à la religion bouddhiste. En Lituanie, mon nom se traduit par « bonhomme sans cervelle », je dois dire que c’est un peu blessant! En Russie, il y a deux termes pour me désigner : « snegovik » et « snejnaïa baba », selon qu’il s’agit d’un bonhomme ou d’une bonne femme de neige.
Qu’est-ce qui vous plaît dans votre rôle?
Sans aucun doute les sourires et les rires des gens qui me voient! Je dirais aussi le fait d’être associé à la fête de Noël et aux joies de l’hiver, je suis né à la bonne époque! Il y a des représentations de moi partout : sur des boules de Noël, des cartes de vœux, des bibelots, dans les chansons… J’ai même vu des cousins construits en rondins de bois. Je crois que de sentir toute la créativité et l’amusement des enfants et des adultes qui prennent le temps de construire un bonhomme de neige, ça me rend tout simplement heureux!
