Travailler dans l’adrénaline

Photo de la collection personnelle de Julie Bélisle-Doré

Jordane Masson

06.12.2021

Quittant la grande ville de Montréal pour la campagne estrienne en 2005, Julie Bélisle-Doré prendra finalement racine à Compton, y trouvant l’amour et une carrière stimulante. Conjointe de Marc Lavoie, agriculteur et propriétaire de la ferme laitière L’Étoile du Nord, elle est mère de trois enfants : Adèle, 13 ans, Henri, 7 ans, et Albert Lavoie, 4 ans. Depuis neuf ans, elle occupe le poste d’inhalothérapeute au CIUSS de Fleurimont.

Parlez-nous de votre parcours

Disons que je n’ai pas un parcours en ligne droite. Tout d’abord, j’ai étudié en sciences de la nature à Montréal, puis j’ai débuté un BAC en psychoéducation. Finalement, je suis venue en Estrie pour faire un cours en production horticole que je voulais jumeler avec la psychoéducation pour apprendre la thérapie par la nature et les jardins. C’est au CRIFA que j’ai rencontré mon conjoint et nous avons fondé une famille. Par la suite, je suis retournée aux études alors que j’avais mon premier enfant. J’ai été sauveteur pendant plusieurs années et j’aimais le côté adrénaline de soigner les gens, ce qui m’a amenée à faire une technique en inhalothérapie de trois ans. Je n’ai jamais regretté ma décision.  

Où travaillent les inhalothérapeutes?

Être inhalothérapeute permet de travailler dans différents secteurs, que ce soit l’urgence, le bloc opératoire, les soins intensifs néonataux, pédiatriques ou adultes, en cardiologie ou en CLSC pour suivre les résidents avec assistance respiratoire. Certains s’occupent des transports interhospitaliers ou aériens dans une équipe spécialisée. D’autres travaillent dans le domaine de la physiologie respiratoire qui consiste à suivre des patients qui ont une pathologie au niveau des poumons ou diagnostiqués comme asthmatiques. Certains travaillent dans des cliniques spécialisées en apnée du sommeil. Il y a beaucoup de possibilités! De mon côté, je travaille au bloc opératoire de nuit en collaboration avec les anesthésistes depuis huit ans.

Quelles sont vos fonctions?

Je fais partie d’une équipe constituée de deux ou trois infirmières, un chirurgien et son résident, puisque c’est un centre universitaire, un anesthésiste et son résident et un inhalothérapeute. On s’occupe de tout ce qui touche les urgences, que ce soit une césarienne d’urgence, un trauma suite à un accident de la route, des appendicites, des chirurgies cardiaques, etc. Avec l’anesthésiste, on gère l’aspect sédation : installer les voies veineuses, faire les transfusions, surveiller et contrôler l’hémodynamie pendant l’opération. En gros, on maintient la personne en vie artificiellement lorsqu’on doit l’endormir pendant qu’elle se fait opérer ou on s’assure qu’elle ne ressente pas la douleur lorsqu’elle est éveillée. Mon rôle consiste à assister l’anesthésiste et son résident : donner le matériel stérile, désinfecter, vérifier les signes vitaux, installer le monitoring, faire des prélèvements sanguins et administrer des médicaments au besoin pour gérer la douleur, ajuster la pression sanguine, régler la glycémie, etc. Je participe aussi à la surveillance lors des phases d’induction, de maintien et d’émergence d’une anesthésie générale. De plus, j’aide lors des anesthésies régionales (rachidienne, épidurale, bloc nerveux) qui permettent au patient de rester éveillé lors de l’intervention sans ressentir de douleur. Pendant l’opération, on se relaye pour faire la surveillance anesthésique.   

Qu’est-ce que la pandémie a changé à votre métier?

Au départ, il y a eu un gros branle-bas, puisque c’était de l’inconnu. Il y a eu tellement de choses à ajuster, puis des protocoles à mettre en place pour éviter la contagion. Finalement, la première vague a été beaucoup moins pire que l’on pensait de notre côté. Il y a eu un peu de délestage aussi pour aller aider aux soins intensifs ou à d’autres étages. J’ai dû être reformée pour prêter main forte. Je faisais des douze heures au lieu de huit heures de travail. Maintenant, ça s’est calmé. Tous les patients qui viennent au bloc doivent être testés, mais, parfois, c’est urgent, donc nous opérons sans avoir le résultat. Il faut alors se protéger comme si la personne était positive. On porte un uniforme spécial avec la visière, le masque N95, les gants, etc. Bref, ce sont les mêmes gestes, mais avec plus d’étapes et, parfois, plus de personnels.   

Quelles sont les qualités requises pour être inhalothérapeute?

Il faut savoir séparer le travail et la vie de tous les jours. Il faut être efficace et bien gérer nos émotions, surtout pendant l’opération. Être observateur sans se laisser distraire, c’est aussi important. J’ajouterais qu’il faut toujours être conscient et à l’écoute de ce qui se passe autour de soi pour anticiper les besoins. Tout peut se jouer en quelques minutes.  

Qu’est-ce que vous aimez le plus de votre travail?

J’aime l’esprit d’équipe et l’entraide. Lorsqu’il y a de gros cas qui arrivent, l’équipe est toujours là pour s’entraider. Il y a une opération que j’affectionne particulièrement, c’est la greffe rénale. C’est une opération qui change la vie des gens. Le patient arrive content, surtout lorsque ça fait plusieurs années qu’il fait de la dialyse, qu’il a des restrictions, etc. Aussi, lorsqu’il s’agit d’un gros trauma, et qu’on sait qu’on vient de sauver une vie. C’est valorisant. Dans ces moments, je sens que j’ai fait une différence.

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