Compton au boulot: Ingrid Cardyn

Ingrid Cardyn. Crédit photo : Jessica Ford Photography
Ingrid Cardyn. Crédit photo : Jessica Ford Photography

Jordane Masson

01.11.2023
Faire de la relation d’aide une priorité

Native de Coaticook, Ingrid Cardyn demeure à Compton depuis maintenant quatorze ans. Conjointe de Richard Scalabrini, leur famille se compose de deux garçons, Mattéo, 12 ans, et Siméon, 9 ans. Enseignante au Cégep de Champlain à Lennoxville en Techniques en Éducation spécialisée depuis bientôt cinq ans, Mme Cardyn a aussi travaillé au CLSC de Sherbrooke en tant que travailleuse sociale. Un riche cheminement qu’elle partage avec nous.

Parlez-nous de votre parcours.

J’ai étudié à Champlain en sciences sociales. Ensuite, j’ai fait une session en éducation, puis en psychologie à l’Université Bishop. Je n’étais pas trop certaine de ce que je voulais faire comme emploi. J’ai finalement fait mon cours pour devenir travailleuse sociale à l’Université de Sherbrooke, puis je suis retournée à Bishop pour terminer mon certificat en psychologie. Pendant mes études, j’ai travaillé comme intervenante en milieu résidentiel au Centre d’Accueil Dixville Home, auprès de la clientèle autistique présentant une déficience intellectuelle. En sortant de l’université, j’ai eu un poste bilingue au CLSC pour partir un programme en déficience intellectuelle et en autisme. J’ai donc travaillé en collaboration avec des intervenants et des techniciens en éducation spécialisée. J’apprenais énormément de ces collègues en début de pratique. J’y ai travaillé pendant dix-huit ans. En 2018, j’ai commencé à donner des cours au Collège de Champlain tout en poursuivant à temps partiel au CLSC. Depuis un an et demi, je suis enseignante à temps plein.   

Qu’est-ce qui vous a attiré dans le travail social?

Je suis née dans un milieu multiculturel. Ma mère est anglophone québécoise. Mon grand-père maternel était un immigrant hongrois. Mon père est belge et chilien, maintenant canadien. J’ai donc vécu dans un milieu francophone et anglophone, avec un peu d’espagnol, que j’ai malheureusement perdu au fil du temps. Bref, j’ai de la famille au Chili, en Belgique et au Québec. Toutes ces racines m’ont amenée à m’intéresser aux iniquités sociales et à promouvoir les droits des personnes marginalisées. Cela a vraiment coloré mon parcours. 

En quoi consiste la Technique en Éducation spécialisée au Collège Champlain?

C’est une technique de trois ans qui permet d’acquérir des bases en intervention. Les étudiants peuvent en sortir et aller directement sur le marché du travail en tant qu’éducateurs spécialisés ou poursuivre leurs études en psychoéducation, en enseignement, en travail social, etc. Le programme offre un large éventail d’emplois auprès de différentes clientèles, soit dans les écoles, les centres jeunesse, les CHSLD, les hôpitaux, etc. Pendant les trois stages, on encourage les étudiants à essayer différents milieux pour trouver les clientèles avec qui ils aimeraient travailler. En cours, on apprend des processus d’intervention : comment observer de façon objective, analyser les observations, planifier une intervention, puis l’implanter. C’est un programme qui fait entrer rapidement dans la pratique et l’exploration pour développer la connaissance de soi et apprendre à connaître ces zones de résonnance et de vulnérabilité. 

Pour quel type de personne conseilleriez-vous ce cours?

Il faut être attiré par la relation d’aide. Nos étudiants se composent surtout de jeunes à l’écoute, observateurs, qui aiment aider, qui veulent contribuer ou faire une différence. En ayant ces types de fibres en eux, comme enseignante, j’ai cette chance de me retrouver devant un groupe d’étudiants motivés et motivants! Ce sont des jeunes de cœur.   

Quel est votre rôle en tant qu’enseignante?

J’enseigne et je fais la supervision de stage. Cette session, je m’occupe de deux cours. Je donne le cours d’Autisme et de Déficience intellectuelle aux deuxièmes années le lundi matin. J’ai aussi des heures de bureau, incluant des rencontres avec des élèves. Le mardi matin, je donne le cours d’Introduction à la Technique d’Éducation spécialisée avec les premières années. Je travaille aussi de la maison, ce qui crée un bon équilibre. Je peux faire ma planification, de la recherche et de la correction dans un milieu plus calme. Ça permet un horaire assez flexible pour ma vie familiale. Enfin, je travaille depuis deux ans sur un dossier spécial; le projet Sentinelles. 

En quoi consiste le projet « Sentinelles »?

J’offre des ateliers sur la connaissance de soi et les habiletés socio-émotives. Il s’agit d’une approche préventive. J’anime les ateliers dans différents programmes du Collège Champlain. Ça inclut aussi un projet de pair-aidance que je coordonne en collaboration avec une collègue qui est Éducatrice spécialisée responsable des activités récréatives et de la mobilisation des élèves au Collège Champlain. En opération depuis presque un an, ce sont de jeunes bénévoles provenant des Cougars Ambassadors (leaders étudiants) et du Programme en Éducation spécialisée qui veulent mettre en œuvre leurs compétences pour soutenir leurs pairs. On les forme et les supervise pour les aider dans cette initiative. On a pu observer pendant la pandémie qu’il y avait un sentiment d’isolement et d’impuissance. On a des élèves engagés qui veulent se soutenir mutuellement. Ils peuvent être un pont pour guider leurs pairs vers le service de soutien approprié. Des fois, c’est plus facile de se confier initialement à quelqu’un de son âge, qui peut avoir vécu des expériences similaires, que d’en parler avec un professionnel. 

De gauche à droite, les élèves Izabela Skoreiko-Yankee, Emmanuelle St-Pierre, Sarah Haseltine, Donovan Walker, Olivier St-Laurent et Amanda Rodgers Lallier. Photo prise lors d'une activité de classe croisée Sentinelles pour créer un contexte de mentorat entre les deux cohortes de première et deuxième années TES. Crédit photo : Ingrid Cardyn
De gauche à droite, les élèves Izabela Skoreiko-Yankee, Emmanuelle St-Pierre, Sarah Haseltine, Donovan Walker, Olivier St-Laurent et Amanda Rodgers Lallier. Photo prise lors d’une activité de classe croisée Sentinelles pour créer un contexte de mentorat entre les deux cohortes de première et deuxième années TES. Crédit photo : Ingrid Cardyn
Qu’est-ce que vous aimez de votre métier?

J’ai la chance de faire partie d’une équipe assez solidaire qui enrichit le contenu de session en session, c’est un peu ce qui fait la richesse de notre programme. Je trouve aussi enrichissant de travailler avec le groupe d’âge des collégiens. Ils sont dans un passage à la vie adulte, dans un moment charnière de leur vie. C’est tellement beau de les voir se découvrir, se réaliser, s’épanouir. Ça me fait vibrer comme enseignante, j’ai tellement de plaisir avec eux.

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